MacAll (Constant Follower)
© Jai O’Hare

Entretien avec MacAll, musicien à la tête de projet Constant Follower, auteur de "Neither Is, Nor Ever Was".

La pop regorge de secrets bien trop cachés, de ces vies qui peuvent être pleines de surprises comme d’au-revoir. Ces secrets si précieux que l’on aimerait garder pour soi tant ils semblent fragiles dans leur beauté immaculée. De la douleur vécue encore aujourd’hui dans sa chair et dans sa mémoire, le chanteur écossais McAll, à la tête de Constant Follower, signe avec Neither Is, Nor Ever Was, un disque ami, un disque empathique et humaniste. De ces disques qui font écho à d’autres disques, les premiers Perry Blake, The Blue Nile et Paul Buchanan, Thomas Feiner et ses Anywhen. Des objets sonores méconnus, oubliés mais vitaux.

A l’occasion de la sortie de Neither Is, Nor Ever Was, au début du mois, nous avons échangé avec McAll pour comprendre ce sentiment diffus qui se dégage de sa musique, une forme de saudade du nord, une contemplation ni vraiment triste ni vraiment apaisée de ce que peut être un homme qui se reconstruit.

MAGIC : McAll, vous avez sorti au début de ce mois d’octobre 2021 votre premier album avec Constant Follower, Neither Is, Nor Ever Was. Le fruit de 10 ans de travaux dans une cabane sur la côte ouest de l’Ecosse. Quand on va chercher plus d’informations sur votre groupe, on peut y lire cette description  Soaring ambient dreampop experimental folk music from Scotland mais aussi The endless lure towards the rocks. Pouvez-nous expliquer cette phrase pour le moins énigmatique ? 

MacAll : Nous avons eu du mal à catégoriser notre son. Bien sûr, en tant que musicien, la première chose que les gens demandent est : “à quoi ressemble votre son ?”. Et cette explication est restée. C’est un peu ironique, mais ça marche. “The endless lure towards the rocks” est une phrase de ma chanson On Old Shorelines (For Nicki). Nous sommes entourés de tentations qui nous font souffrir d’une manière ou d’une autre. Pour faire face aux difficultés de la vie, et de la vie moderne en particulier, il y a une infinité de solutions rapides et temporaires : la bouteille, les pilules, le fast-food, la télévision… qui attendent de vous voler votre temps, votre santé, votre esprit dans un moment de faiblesse. 

MAGIC : Pensez-vous que l’Ecosse a une importance dans votre sensibilité de musicien ? 

MacAll : Je pense que le temps et les terres qui m’entourent ici influencent certainement ma musique. Les côtes accidentées, les landes vides, les montagnes, le ciel sans fin et l’eau, l’eau partout. Et j’ai la chance d’être né en Écosse, où il y a un fort héritage musical, de la musique contemporaine et traditionnelle. Il y a quelque chose de particulier dans la simplicité de la musique traditionnelle écossaise, dans la rareté des complaintes. Je pense que tout cela s’infiltre dans ma musique, de manière inconsciente et certainement involontaire.

MAGIC : Comment expliquez-vous le nom de votre groupe, Constant Follower ?

MacAll : Tout comme nous avons tous “l’appât sans fin” (The endless lure) qui nous tire vers les rochers, nous avons aussi nos suiveurs constants qui nous tirent du passé, ces choses qui se sont produites ou des éléments persistants comme la dépendance, qui font de nous ce que nous sommes aujourd’hui. C’est aussi le nom d’un séquoia géant dont j’ai entendu parler dans une vieille brochure trouvée parmi les affaires de mon grand-père. Le Constant Follower était l’un des plus vieux arbres de la forêt. Je me suis demandé pourquoi on l’appelait ainsi et cela m’a fait penser à la façon dont un arbre a de bonnes et de mauvaises années, comme en témoigne la profondeur de son cerne, et au fait que, bien qu’un nouveau cerne soit ajouté chaque année, les anciennes bonnes et mauvaises années restent cachées à l’intérieur.

J’aime quand les gens m’envoient des courriels pour me dire ce que cela signifie pour eux. Cela me donne l’impression d’avoir une place dans le monde.

MAGIC : Que voudriez-vous que vos auditeurs entendent dans votre musique ?

MacAll : J’aimerais que les gens trouvent de l’espoir dans ma musique. De l’espoir, du confort, peut-être même  du réconfort comme je l’ai trouvé dans la musique que j’ai aimée. Si une seule personne y trouve de l’espoir, alors tout cela aura valu la peine pour moi. Je n’avais aucune intention au moment d’écrire ces chansons. Je ne pensais même pas que les gens l’écouteraient. Je l’ai juste faite. Je n’ai pas pensé “pourquoi“. Mais maintenant, j’aime que les gens l’écoutent. J’aime quand les gens m’envoient des courriels pour me dire ce que cela signifie pour eux. Cela me donne l’impression d’avoir une place dans le monde.

MAGIC : Tout disque comme n’importe quelle œuvre d’art est d’abord la vision d’un artiste parfois à partir de sa propre vie. Peut-on dire qu’il y a quelque chose d’intimement lié à votre propre histoire, Mc All dans Neither Is, Nor Ever Was ? En effet, j’ai lu pour préparer cet échange que vous avez subi une attaque d’un gang dans les rues de Glasgow qui vous a laissé de nombreuses séquelles durant de très longues années.

MacAll : L’album doit être influencé par ces expériences négatives, mais il n’y a qu’une seule chanson sur le disque qui est directement à ce sujet ou que je pense être à ce sujet. Je n’écris pas sur des événements, ni ne m’assois pour écrire quelque chose d’intentionnel en particulier. Les chansons semblent se former d’elles-mêmes sur le moment et, comme tout le monde, je dois ensuite me demander de quoi il s’agit. Les chansons se forment d’abord comme une déclaration, ou une question. Une seule ligne. Et puis le reste se met en place autour de ça. Je suppose que parfois je me doute de ce que j’écris. Ou bien est-ce que je le fais ? En écrivant à la manière d’un flux de conscience, le “sentiment” est plus important que la mémoire spécifique. De toute façon, de toutes les séquelles que j’ai conservés de cette attaque, ce sont des gros troubles de la mémoire que j’ai dû totalement reconstruire. La plupart de mes “souvenirs” sont en fait des histoires que d’autres personnes m’ont racontées depuis. Des histoires, auxquelles s’ajoutent peut-être quelques photos datant de l’époque de l’histoire. Je peux donc créer quelque chose qui ressemble à un souvenir, mais c’est imaginé, pas réel. Mais il y a toujours des rappels très réels , dans le miroir, le côté encore affaibli de mon visage, la douleur terrible des crises de céphalées en grappes, le syndrome de stress post-traumatique… C’est difficile d’écrire des chansons sur des choses qui se sont produites et dont vous n’avez aucun souvenir, mais c’est peut-être ce qui ressort ? Quelque chose de plus profond que le simple fait de se souvenir.

MAGIC : Ecrire les chansons que contient Neither Is, Nor Ever Was relève-t-il d’un acte thérapeutique, d’une forme de catharsis ou d’exorcisme ? Est-ce également un travail de mémoire ? 

MacAll : Pour moi, l’écriture de chansons est certainement quelque chose qui me fait me sentir mieux. Mais plus comme rentrer à la maison après une longue marche. Savoir qu’on a fait quelque chose. Et c’est magique ! Est-ce que ce sont des années d’écoute de la musique des autres, ou est-ce que c’est le fait de toucher à quelque chose que l’on ne comprend pas ? Quand j’ai réalisé de quoi parlait Spirits in the Roof Tree, je me suis effondré et j’ai pleuré. Et puis j’ai réalisé que j’avais surmonté quelque chose en écrivant cette chanson. Donc, parfois c’est cathartique… souvent c’est une guérison… et parfois c’est juste un apaisement.

Plus l’écart est grand entre la plus grande joie et la perte la plus douloureuse, plus il y a de place pour la saudade.

MAGIC : Je trouve que le terme qui convient le mieux c’est ce mot portugais, Saudade qui choisit de ne jamais scinder joie et tristesse dans la mélancolie, qu’en pensez-vous ?

MacAll : Saudade est un mot très singulier. Parfois, je crois le comprendre, mais d’autres fois, comme maintenant, il me semble insaisissable. Aujourd’hui, il me fait penser à ce sentiment que l’on éprouve lorsqu’on a perdu quelque chose ou quelqu’un, et que l’on ressent une douleur terrible, mais en même temps un grand bonheur de l’avoir eu dans sa vie. Ces choses ne s’annulent pas l’une l’autre, mais se marient plutôt ensemble dans ce “quelque chose d’autre“. Comme se remémorer une enfance heureuse plus tard dans la vie adulte. Mais… c’est la vie. Si c’est bon, c’est plus difficile à perdre. Plus c’est bon, plus la perte est difficile. Plus l’écart est grand entre la plus grande joie et la perte la plus douloureuse, plus il y a de place pour la saudade. Et une particularité du syndrome post-traumatique, pour moi, est que cette capacité à différencier entre quelque chose que je devrais ressentir très fortement ou non, est perdue. Ainsi, il n’y a pas de nuances de tristesse – c’est juste allumé ou éteint. C’est un mot et un concept qui m’intriguent.

MAGIC : Vous dites ne pas toujours savoir de quoi parlent vos chansons, qu’il vous faut du temps pour en comprendre le sens. Avec le recul, que pensez-vous avoir dit à travers ces dix chansons ?

MacAll : Je crois avoir dit que peu importe ce qui ne va pas, ou le chemin erroné que nous prenons, il y a toujours de l’espoir ; que nous sommes entourés par la guérison dans la nature et la connexion, si seulement nous prenons un moment pour réaliser, il n’est jamais trop tard pour renverser les choses.

MAGIC : On imagine un processus de création douloureux, peut-être laborieux chez Constant Follower. Vous reconnaissez-vous dans cette description ?

MacAll : Parfois, je me sens handicapé par mon corps, ma santé, mon esprit. Et il y a beaucoup de douleur à gérer. Mais c’est moi. Et si l’on compare cela à quelqu’un qui n’a pas ces caractéristiques… eh bien, il faut aussi regarder du côté de ceux qui ont moins de chance. Alors, je me débrouille – et la plupart du temps, les gens avec qui je travaille ne se rendent pas compte que je suis en difficulté. Les choses prennent plus de temps, c’est sûr. Et je soupçonne Andrew Pankhurst, le guitariste du groupe que l’on surnomme Kurd et les autres musiciens d’être parfois frustrés par moi…

Faire ce disque était très positif 99% du temps. Le pourcent restant, c’était moi qui luttais contre ce perfectionnisme immature.

En termes de délais, ces chansons ont été écrites il y a trois ou quatre ans. Il m’a fallu tout ce temps pour les arranger et les enregistrer. Kurd et moi avons enregistré plusieurs versions de la plupart d’entre elles – en trouvant notre voie. C’était très positif 99% du temps. Le pourcent restant, c’était moi qui luttais contre ce perfectionnisme immature. Ce qui est important dans la musique et l’art en général, c’est de ne pas se mettre dans le chemin. Ne pas se laisser envahir par soi-même, ne pas laisser les autres choses se mettre en travers du chemin. Il faut créer un espace où tout ce qui se présente peut couler et où l’on peut aller jusqu’au bout. C’est toujours ce qui est le plus difficile ; peut-être que j’ai plus de choses qui se mettent en travers de mon chemin, alors ça prend plus de temps.

MAGIC : Ces chansons que l’on sent éminemment personnelles, vous avez choisi de les incarner avec un groupe et non pas sous votre seul nom, McAll et qu’ont apporté les autres musiciens à l’album ?

MacAll : Mes chansons sont au centre mais pour utiliser une image, comme le meilleur morceau de la pêche n’est pas le noyau, c’est le groupe et la façon dont nous jouons ces chansons et les incarnons qui, je pense, rend le disque spécial. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas utilisé mon propre nom… ça a commencé comme un projet solo, toujours sous le nom de Constant Follower depuis le début, mais… je pense que j’ai peut-être peur d’être trop personnel, d’être moi-même. J’ai peur que le passé dont je ne me souviens pas revienne, que quelqu’un dont je ne me souviens pas revienne. Peut-être que je veux me protéger de ça. Ce n’est pas conscient, je ne le comprends que maintenant en répondant à cette question.

J’aurais peut-être pu faire ce disque tout seul, les chansons et les arrangements que je fais tout seul et que j’apporte au groupe, mais alors il n’y aurait pas eu ce disque. Kurd et moi avons créé ensemble le son de Constant Follower, sans lui le disque aurait été très différent. C’est le guitariste le plus original que j’ai rencontré. Et ses idées pour les chansons sont généralement bonnes du premier coup. Il est au mieux de sa forme lorsqu’il réagit à la musique. C’est là que la vraie magie opère – quand il ne réfléchit pas trop aux parties. Ensuite, nous avons Kessi Stoch, ma partenaire et la mère de ma plus jeune fille. Kessi est là au début de chaque chanson. J’entends ses chœurs dans ma tête lorsque je chante des chansons pour la première fois. Amy a rejoint le groupe lorsque Kessi n’a pas pu partir en tournée à cause de sa grossesse, d’abord pour “remplacer”, mais elle est devenue un élément essentiel du son du groupe. Sa voix angélique et pure. Sa présence rassurante.

Et puis il y a Dave Guild à la guitare basse, le plus récent membre du groupe. Au départ, je lui avais demandé de jouer sur quelques morceaux. Les lignes de basse qu’il écrivait étaient si… différentes et créatives. Je pensais que je voulais un bassiste pour fournir une base aux chansons, mais Dave fournit toutes ces harmonies étranges, il change vraiment la façon dont la chanson se présente parfois, d’une manière qui change les chansons pour le mieux – comme dans The Merry Dancers On Tv.

MAGIC : Qu’est-ce que ces Merry Dancers que vous évoquez sur le disque ?

MacAll : Dans les îles d’Écosse, d’où ma famille est originaire depuis longtemps, les anciens appelaient les aurores boréales “ Merry Dancers (les joyeux danseurs)”. C’est un terme tellement beau dans le patois des Écossais que nous utilisons encore beaucoup. Spirits in the Roof Tree regorge de clins d’œil à ce patois. Bien que ces termes colorés, comme “Merry Dancers“, soient de moins en moins utilisés…

MAGIC : Il y a une personne qui a été très importante pour Neither Is, Nor Ever Was, c’est Kramer et son label Shimmy Disc. Vous pouvez nous en parler ?

MacAll : L’album était enregistré à 90% lorsque Kramer a entendu notre premier single par l’intermédiaire d’un de ses amis. Un pur hasard. Il a adoré et nous a proposé un contrat avec Shimmy Disc sur-le-champ. C’était une évidence pour moi, car je suis un grand fan de Dean Wareham et de Galaxie 500, de Damon & Naomi, de Low, de Daniel Johnston… J’ai des vinyles de tous ces types. Au début, j’ai cru que c’était une blague et je n’ai pas très bien réagi. Mais Kramer et moi nous sommes entendus. Kramer apporte au disque quelque chose que je n’aurais pas pu gérer moi-même. Il lui a donné ce truc que tous les disques que j’aime ont. Je ne sais pas s’il y a une meilleure façon de l’expliquer, mais c’est cette chose où vous avez écouté un disque 1000 fois, mais à la 1001e fois, vous entendez un petit son agréable que vous n’aviez jamais entendu auparavant. Il a donné de la profondeur au disque. Je suis convaincu de son génie. Quelque chose d’unique et de spécial. C’était un honneur de travailler avec lui sur l’album.

MAGIC : Chaque chanson de l’album est accompagnée d’un court-métrage. Pour ces courts-métrages, vous avez laissé toute liberté au créateur qui s’emparait de vos chansons. On connait le piège dans lequel peuvent parfois tomber les vidéastes à vouloir appuyer le propos de la chanson. Au contraire, ici, la proposition est toute autre, dans une sorte de contraste voire de contradiction qui apporte plus à la chanson en elle-même. Qu’en pensez-vous ?

MacAll : Je pense que c’est encore ce processus qui consiste à ne pas se mettre en travers de l’art. En me retirant autant que possible, j’ai laissé la place aux artistes pour qu’ils puissent s’affirmer pleinement dans leur propre univers. En leur disant que je voulais qu’ils répondent à la chanson aussi honnêtement que possible, je pense que j’ai supprimé le sentiment d’attente.

Mais, bien sûr, choisir les bonnes personnes avec qui travailler était la première chose à faire. Et c’était aussi simple que d’aimer leur travail précédent, quel que soit le support utilisé. Leur faire confiance. Chacun de ces films a été une source de grande surprise pour moi. Il est étrange qu’un thème semble s’être développé à travers eux, bien que les films aient tous été réalisés en même temps sans qu’il y ait eu de communication entre les artistes. Aucun des films ne soutient le sujet de la même manière que je comprends les chansons. Il était donc très intéressant, et agréable, de voir quelle était la réponse ou l’interprétation du réalisateur du film.

Je me suis demandé si, avec du temps libre, les gens allaient renouer avec la nature et réaliser à quel point leur temps était précieux, plus précieux que ces boulots qui les oppressent et les enferment dans un quotidien qu’ils n’ont même plus conscience de détester.

MAGIC : Sans trop en dévoiler sur le contenu du disque, Neither Is, Nor Ever Was parle aussi bien des petits comme des grands drames qui font la vie mais j’ai l’impression que ce qu’il y a de commun à chacune de ces chansons, c’est la volonté de créer du lien humain, qu’en pensez-vous ?

MacAll : J’ai appris avec le temps que rien ne compte plus que le lien à l’autre. La connexion avec les autres, et avec le monde naturel. Ce que nous perdons le plus aujourd’hui, et plus que la connexion, je pense, c’est la compréhension de l’importance de la connexion. C’est comme si nous comprenions, et nous lisons dans le journal que nous sommes déconnectés de la nature, que sortir dans la forêt est le meilleur remède contre la déprime… mais ensuite, nous retournons nous asseoir devant nos écrans. Je ne comprends pas. Je parle aussi de moi. J’ai parfois du mal à me connecter aux gens. Je peux voir comment chacune des chansons a un élément de cela en elle. Peut-être que je dis ça, peut-être que je réclame une connexion humaine.

MAGIC : Quels souvenirs conserverez-vous de cette pandémie liée au Covid-19 ?

MacAll : Je ne me souviens pas de grand-chose de cette période. C’était à la fois les deux années les plus longues et les plus courtes. J’aimerais pouvoir me souvenir d’avoir travaillé avec Kramer sur les mixages, mais c’est quelque chose qui s’est effacé de ma mémoire. Les souvenirs ne se forment pas pour moi de la bonne manière. J’aimerais me souvenir de tous les moments que j’ai passés avec mes filles à la maison, les promenades, les rires. J’ai l’impression que c’était comme ça. Je suis heureux. J’écris chaque matin sur ce qui s’est passé la veille, tant que je m’en souviens encore. J’ai donc des livres remplis de mes souvenirs. Et j’ai des photos. Et j’ai les souvenirs d’autres personnes à partager.

MAGIC : Pensez-vous qu’il y aura un monde d’après le Covid-19 et à quoi ressemblera-t-il selon vous ?

MacAll : Je me suis demandé si, avec du temps libre, les gens allaient renouer avec la nature et réaliser à quel point leur temps était précieux, plus précieux que ces boulots qui les oppressent et les enferment dans un quotidien qu’ils n’ont même plus conscience de détester. Et peut-être que cela viendra encore lorsque les gens retourneront à leur bureau, loin de leur famille. Je sais que nos premiers concerts étaient des célébrations, et les gens semblaient vraiment apprécier ce que nous faisions en jouant en direct pour eux. Nous nous sommes sentis honorés de pouvoir jouer pour les gens. Il y a un sentiment d’appréciation pour ces choses qui était un peu moins évident avant.

MAGIC : Comment vous préparez-vous au second album de Constant Follower ? On sait que le passage au second disque est toujours difficile, avez-vous des craintes pour la suite ou au contraire la sortie de ce premier disque vous a-t-elle apaisée ?

MacAll : Le deuxième album est écrit, je dois juste travailler sur les arrangements et ensuite Kurd et moi travaillerons ensemble sur les couches. Je n’ai pas d’attentes. Pour moi, c’est comme la petite fille irlandaise sur la colline : elle arrivera au sommet si elle continue à mettre un pied devant l’autre. Faire de la musique, c’est comme ça pour moi. Ce sont de petits pas, suivre un chemin en pleine nuit où l’on ne voit que deux pas devant soi… avoir confiance que l’on va quelque part, sans savoir quand on arrivera.

Un autre long format ?