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A Place for My Hate
Structures
[PIAS]

Chronique : Structures, la fureur de vivre

Le premier album de Structures arrive peut-être tard dans la carrière du duo amiénois, mais "A Place for My Hate" a eu la bonne idée d'emmagasiner six années d'expérience live pour un résultat rageur et resplendissant.

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Depuis plusieurs années, le jeunisme gangrène la société. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais il n’y a rien de plus hype que de démarrer sa carrière de président à moins de quarante ans, ou celle de footballeur à quinze. Dans la musique, il y a en plus ce lieu commun du «coup d’essai, coup de maître» à la sortie de l’adolescence, complété plus tard par le fameux «disque de l’âge adulte». Duo amiénois en provenance de la classe populaire et fier de l’être, Structures (Marvin Borges-Soares et Pierre Seguin) a défoncé des portes pour réussir et se présente aujourd’hui pour faire mentir l’ordre des choses. Plutôt que d’écrire avant de vivre, ils ont décidé de vivre avant d’écrire. Déterminés à faire honneur à leur région natale et à vaincre le déterminisme social, les deux amis ont enfilé les dates comme des perles, mais pas vraiment pour amuser la galerie. Ils ont gagné une partie de leur combat la rage au ventre, récupéré le statut d’intermittents et se sont taillés une solide réputation de «groupe de scène».

Mais là encore, le temps est venu de faire tomber les clichés : Structures n’est pas qu’un groupe de scène, et le démontre avec la parution de l’excellent A Place for My Hate, à l’âge canonique de trente ans. Considéré par le duo comme «un rite de passage à l’âge adulte» ainsi qu’«un regard dans le rétroviseur de six années de live», ce premier album est donc tout à la fois le premier, et (déjà) le disque de l’âge adulte. Enregistré de cabanes en forêt en studios d’enregistrement, il est un condensé de six années de violence post-punk et d’exploration du chaos sociétal, avec un tout nouveau son oscillant entre goth rock eighties et punk indus. La face la plus agressive, marketée par le groupe, est celle qu’il faut retenir en premier. Qu’il s’agisse de Disaster ou de Pigs, la claque de punk industriel est monstrueuse : rythmique atomique, guitare vrombissante, basse rêche et cette nappe de synthé qui vous met le couteau sous la gorge, tout comme les paroles nihilistes martelées par le duo. Presque bisounours en comparaison, la face goth rock à tendance mainstream, illustrée par le titre Roses, manifeste la haine de l’ennui qui motive le groupe. Les deux versants se retrouvent chacun sur le single Strange Feeling, dont on ne peut qu’imaginer la puissance resplendissante en live.

SORTIE CD, VINYLE ET NUMÉRIQUE LE 17/11/2023

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