Magic Monsters
April March & Steve Hanft
Autoprod

Chronique : April March & Steve Hanft, monstres Magic

Seul album d’April March paru entre ses années Tricatel et son retour avec Aquaserge, "Magic Monsters" avait quasiment acquis un statut de disque fantôme, que vient désormais corriger sa parution sur les plateformes numériques.

Nous avions pris un plaisir fou à vous raconter, l’an dernier, l’histoire d’In Cinerama, l’album à quatre mains réalisé par April March et Mehdi Zannad. Un disque majestueux mais construit en pointillés entre 2014 et 2021 au gré des inspirations, des moyens économiques et des rencontres. Elinor Blake (nom d’April March à la ville) avait déjà connu une aventure de ce type plus tôt dans sa carrière, avec le musicien et réalisateur Steve Hanft. Magic Monsters, l’album issu de sept ans d’allers et retours passionnés entre 1999 et 2006, était paru en 2008 chez Martyrs of Pop, le label du Français Jean-Emmanuel Deluxe, mais il est introuvable depuis.

Seul album d’April March paru entre ses années Tricatel (Triggers, 2002) et son retour avec Aquaserge (2013), Magic Monsters avait quasiment acquis un statut de disque fantôme, que vient désormais corriger sa parution sur les plateformes numériques après une longue bataille menée par la musicienne américaine pour récupérer les droits du disque. Magic Monsters est paru vingt ans après la première rencontre entre Blake et Hanft au California Institute of Arts. Connu pour avoir réalisé le clip du culte Loser de Beck (1993) – où apparaît Salis Dembling, membre des Pussywillows, premier groupe d’Elinor Blake –, Steve Hanft est aussi musicien. Après avoir travaillé avec l’électronicien Tom Chasteen en 1999, il se retrouve avec quelques chutes à exploiter.

April March & Steve Hanft (Magic Monsters)
April March & Steve Hanft | © Isabel Asha Penzlien

April March pose sa voix sur le lunaire Mind Phone. À force d’échanges de fichiers et de collaborations amicales – parmi lesquelles la participation d’Elliott Smith à la batterie et au piano sur le lo-fi Dream Flowers, avant sa disparition en 2003 –, les deux compagnons de route décident d’entreprendre un disque sous leurs deux noms, qui sera finalisé (mixage et mastering) par Chasteen et John McEntire. Ici pas de duo, mais une alternance de titres où les deux vocalistes alternent la voix lead dans une sorte de crème de la crème de l’indie US où l’on croit entendre les Papas Fritas au sommet de leur forme, dès le premier morceau Attention Chérie, ou Tarnation engagé dans un stage de remise à niveau sixties, yéyés inclus (Lunar Lake). Qu’April March porte des textes en français en dehors de toute influence Tricatel n’est pas le moindre charme de cet album de dix morceaux assez instantanés, où les deux voix lead servent de point d’ancrage à des guitares et des batteries en totale liberté. Entre Blake et Hanft, c’est une histoire qui dure : le filmmaker a aussi réalisé le clip de Lay Down Snow White, extrait de l’excellent April March Meets Staplin paru cette année.

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