Making a Door Less Open
Car Seat Headrest
Beggars

Car Seat Headrest surprend son monde avec “Making a Door Less Open”

Le groupe de Will Toledo met les guitares au placard au profit de beats electro dans son nouvel opus.

Il faut une bonne minute pour se rendre compte que nous sommes en train d’écouter du Car Seat Headrest. Le temps que la voix de Will Toledo retentisse, après un bourdonnement intempestif. Comme si une mouche avait voulu participer à la séance de studio. 

Weightlifters, comme l’album qu’il ouvre, est très différent des repères laissés par Car Seat Headrest dans sa pléthorique discographie débutée sur la banquette arrière de sa voiture il y a dix ans. Où sont passées les guitares torturées et les larmoyantes odyssées de quinze minutes ? 

Pour comprendre Making a Door Less Open, il faut l’analyser comme s’il n’était pas issu des seules pensées fertiles de ce génie aux grandes lunettes et à l’attachante dégaine de l’élève assis seul au fond de la classe qu’est Toledo.

Andrew Katz apporte sa science du gros kick synthétique et du bidouillage de samplers.

C’est un album de Trait, son alter-ego au masque futuriste couvert de leds (drôle de coïncidence en ces temps étranges) et au gilet… pas jaune. C’est son identité «secrète» dans 1 Trait Danger, projet d’EDM décomplexée mené avec son batteur Andrew Katz. Ce musicien prend une part bien plus importante dans le processus de création du disque (qui a duré de 2015 à 2019). Il apporte sa science du gros kick synthétique et du bidouillage de samplers.

Une fois le tout assimilé par notre cerveau élevé à How to leave town?, la magie de Making a Door Less Open se révèle au grand jour. Pilotée par de gros beats clubbesques et non pas par ses traditionnelles guitares, à l’exception de la diatribe enflammée Hollywood et de la parenthèse folk aussi courte que poignante qu’est What’s With You Lately, la musique de Car Seat Headrest devient alors bien plus accessible dans un monde où la pop grand public a depuis longtemps fait le choix du tout électronique. 

Tout cela est combiné à un «resserrage temporel» assez inattendu pour un artiste habitué à nous offrir des albums-concepts d’une heure quinze, qui permet à des merveilles d’indie-rock-nica telles que Can’t Cool Me Down de s’imprimer bien plus directement dans nos neurones.

Will Toledo crache un peu sur les affres du star-system dans Hollywood

N’abandonnant jamais son costume de documentariste des affres de la vie pas toujours facile d’adulescent, Will Toledo psalmodie toujours avec sa voix si singulière, râpeuse et qui semble être constamment soit au bord des sanglots, soit au bord du dédain. Il crache un peu sur les affres du star-system dans Hollywood, pose la succession de la mélancoliquement festive Cute Things avec Deadlines et Famous, et pond aussi quelques chefs-d’œuvre.

La lancinante Hymn, mélopée aux orgues aussi spatiaux que religieux. La fantastique Life Worth Missing, basée sur un rythme de batterie simpliste et des synthétiseurs virevoltants. Ou l’entraînante Can’t Cool Me Down, résumant au mieux la nouvelle direction artistique de CSH, avec sa myriade de sons différents mais tous aussi efficaces (une préférence pour l’espèce de sonnerie de téléphone entendue vers sa moitié) sortis d’un sampler, dont le séquençage lui sert de clip à petit budget. Dans cette dernière, Will crache ses poumons sur un “I’ve only made one mistake in my life” déchirant. On a beau chercher, cet album/changement de cap n’en est définitivement pas un.

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