Offert temporairement
Buck Meek, James Krivchenia, Max Oleartchik et Adrianne Lenker | Photo © Alexa Viscius

Buck Meek, guitariste de Big Thief, nous raconte comment les liens qui unissent les quatre membres du groupe ont rendu possible l’enregistrement de "Dragon New Warm Mountain I Believe in You".

🎉 Cet article vous est offert alors qu'il est habituellement sur abonnement.

Vous avez vraiment décidé du nom de l’album avant d’écrire la moindre chanson ?

Il y avait peut-être quelques chansons déjà écrites qui ont fini sur l’album, mais on a effectivement choisi ce titre il y a plusieurs années. C’est notre batteur James qui a eu l’idée du concept. Et on a atterri sur Dragon New Warm Mountain I Believe in You. Ça nous a guidé comme un mantra ; ça nous a donné une direction dans laquelle aller.

Vous avez donc enregistré quatre sessions à quatre endroits différents. Comment avez-vous réparti les chansons ?

Nous avions environ 45 chansons, que nous avons divisées selon les différents sentiments qu’elles inspiraient. Certaines appelaient un enregistrement à la campagne, au grand air, d’autres étaient plus mystiques et acoustiques. Certaines, encore, nécessitaient un enregistrement plus rock’n’roll avec un gros son. Tout ça, c’était juste un point de départ. Ça nous est arrivé d’enregistrer certaines chansons à plusieurs endroits. Par exemple, nous pensions graver la chanson Blue Lightning lors de notre session en Arizona [la dernière des quatre, d’où proviennent les titres les plus americana, ndlr], mais finalement, nous avons gardé la version enregistrée pendant notre toute première session, dans le studio-chalet dans les montagnes près de New York. Et il y a plein d’exemples comme ça !

Lors de cette première session, il s’est passé quelque chose de magique : vous avez enregistré une chanson qu’Adrianne venait tout juste d’écrire, No Reason, un soir d’orage sans électricité, et gardé l’une des premières prises… Ça arrive souvent ce genre de moments ?

De plus en plus ! On apprend avec l’expérience que la magie se produit quand tu te laisses aller, quand tu cesses d’essayer de tout contrôler, quand tu es le plus vulnérable. Lors de notre premier album, Masterpiece, on essayait de tout maîtriser, on passait la journée à enregistrer. La plupart des chansons que l’on a gardées sont des dixièmes prises. Sauf pour la chanson Masterpiece justement, c’était un accident ! On avait déjà tout l’album, puis Adrianne nous a chanté cette chanson… Et la première prise, c’est vraiment nous en live, en train d’apprendre la chanson ! C’est là qu’on s’est rendu compte du pouvoir de la première prise. Depuis, on essaie vraiment d’aller dans cette direction.

Vous parlez souvent de cette connexion magique que vous avez tous les quatre. Pourtant, la première semaine de studio, rien ne fonctionnait. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Après le début de la pandémie, chacun est retourné chez soi, a fait le deuil de la tournée [coupée en plein élan par la fermeture des salles de concerts, ndlr]. Ça nous a pris un ou deux mois. En même temps, ça nous a donné à chacun de l’espace pour vivre notre vie personnelle, pour écrire, et, quand on y pense, c’est un luxe d’avoir ce temps. Alors quand tu te retrouves en groupe, il faut se réaligner. Finalement, la musique n’est qu’une partie de ce groupe, la fondation ce sont nos relations, notre amitié. Et avant d’enregistrer, je pense qu’on avait besoin de se retrouver, passer une semaine ensemble à se parler, se faire à manger, se baigner. En priorisant l’amitié, tu deviens un groupe plus riche. Mais je n’ai jamais eu peur de perdre cette magie.

Vous êtes maintenant l’un des groupes d’indie rock les plus influents. Avec cet album, vous vous apprêtez à le devenir encore plus. Vous n’avez pas peur de devenir «trop» gros ?

Pas du tout. Déjà parce qu’à nous quatre, on est une vraie démocratie, on prend les décisions ensemble et on fait vraiment attention les uns aux autres. C’est aussi important que notre musique. Et nous avons construit un environnement autour de nous, avec des gens que nous connaissons bien. Qu’on parle de notre avocat, notre manager, notre maison de disques ou notre équipe de tournée… Tous partagent nos valeurs. Tous ces gens qui nous aident sont aussi Big Thief. En fait, ce groupe c’est beaucoup plus que nous quatre. Tous ces gens nous laissent aussi l’espace pour nous concentrer sur notre musique. On sait qu’ils vont prendre soin de nous.

Notre chronique de Dragon New Warm Mountain I Believe in You est à lire ici.

Un autre long format ?