Il a fallu une pause et des escapades en solo pour que Jinte Deprez et Maarten Devoldere sortent de leur routine et trouvent de nouvelles idées pour leur projet Balthazar. Le résultat donne Fever, un quatrième album groovy et excentrique, loin de la mélancolie des débuts du groupe. 

 

Après l’enregistrement et la tournée de Thin Walls, vous avez tous les deux débuté une carrière solo (ndlr., Warhaus pour Maarten Devoldere et J. Bernardt pour Jinte Deprez). Jinte, tu disais dans une interview qu’après ce dernier album, le groupe devait prendre du repos, évoluer vers autre chose, car vous commenciez à composer par automatisme. Comment vous en êtes-vous rendu compte ?

Jinte Deprez : Nous étions depuis longtemps en tournée et nous avions l’impression que nos concerts mais aussi le groupe étaient devenus un peu prévisibles. Nous étions comme une machine qui était devenue trop parfaite pour être intéressante. On ne voulait pas se répéter. C’était l’essentiel. La décision a été très naturelle à prendre. On s’est dit “prenons un peu de distance” pour revenir avec de nouvelles idées.

Avec la sortie de trois albums en seulement cinq ans (2010-2015), vous étiez arrivés au bout d’un cycle ?

Un petit peu. Cela ressemblait à une trilogie. C’est facile de dire après coup, “ça s’est passé comme on l’a voulu” mais dans un sens, tout s’est déroulé comme nous l’avions planifié (rires). Ce quatrième album est un nouveau départ pour nous. C’est un disque beaucoup plus enthousiaste. Dans nos projets solos, on a pu faire ce qu’on voulait, expérimenter sans aucune pression. Et puis, quand on s’est vus l’un et l’autre sur scène, nous étions à nouveau surpris, fiers du travail de l’autre. Du coup, ça a crée une forte envie de retravailler ensemble.

Musicalement, qu’est-ce que vos projets solos vous ont apporté ?

C’était très ludique en quelque sorte. On a pu travailler avec de nouvelles personnes, essayer énormément de choses, dans des styles très différents. On a joué dans des salles plus petites. C’était un changement aussi. Nous avons repris cet aspect ludique pour Fever. On a l’impression d’avoir rajeuni avec ces projets en fait.

Comment avez-vous composé cet album ? 

Maarten Devoldere : Nous n’avions pas de plan précis. On s’est réuni, on a beaucoup tenté, dans des directions différentes. Puis, quelque s’est produit avec la chanson Fever et on s’est dit “OK, c’est intéressant”. Pour nous, c’était la direction à suivre, quelque chose de frais dans notre musique. Par la suite, on a composé des chansons qui correspondaient à cette ambiance.

Donc Fever a été le point de départ du projet. 

C’était la première chanson qu’on a écrite. La première où on s’est dit “OK ça sonne bien”.

Jinte Deprez : On était vraiment excités d’écrire à nouveau tous les deux. En studio, on s’échangeait immédiatement nos idées, sans attendre. C’était comme du ping-pong.

Et le résultat donne alors un album plus groovy et joyeux qu’auparavant, moins mélancolique. 

Maarten Devoldere : D’une certaine manière, Fever est en réaction à ce que l’on a fait avant. Nous avons fait cet album dans une ambiance beaucoup plus collective. Nous voulions mettre en avant cette énergie. C’est comme un nouveau premier disque. Nos albums précédents étaient solitaires et introvertis. Nous avions donc déjà un peu épuisé ces sentiments. On voulait être plus extravertis.

Vous vouliez également être plus “extravertis” dans les textes ?

Jinte Deprez : Nous chantons beaucoup, de manière intelligente, sur notre stupidité. On chante sur l’amour parce que c’est la raison pour laquelle nous avons commencé à faire de la musique : impressionner les filles. Je pense que c’est toujours le moteur principal.

Et ça marche ?

Ça n’a jamais marché pour nous ! (rires).

Qu’est-ce que vous a apporté le producteur Jasper Maekelberg ? Vous dîtes qu’il vous a aidé à “trouver et sculpter votre son”

Nous avons produit nous-mêmes les deux premiers albums. Pour Thin Walls, on voulait vraiment plonger dans la scène britannique alors nous avons travaillé avec un producteur anglais (ndlr., Ben Hillier).

Maarten Devoldere : Jasper Maekelberg nous avait déjà aidés pour nos projets solo donc on le connaissait. Il a notre âge et a les mêmes références culturelles. Il était parfait pour ce job.

Jinte Deprez : Il était comme un membre supplémentaire. Comme Nigel Godrich pour Radiohead ou George Martin pour les Beatles. C’était très amusant. Tout le monde était rivé sur le même objectif. C’était très intéressant pour un quatrième album d’avoir quelqu’un qui n’hésite pas à vous dire que c’est de la merde quand c’est de la merde.

Il y a quatre ans, vous avez déclaré dans une interview: «Ce que nous aimons dans le groupe, c’est sa stabilité». Fever est-il un nouveau départ pour retrouver un peu de stabilité ?

(surpris) Nous avons dit ça ? Vraiment ? Je déteste la stabilité.

Maarten Devoldere : On est heureux de constater que nous sommes constamment en déséquilibre. L’idée du projet solo est de prouver que nous n’aimons pas la stabilité, car il est dangereux de commencer à se répéter. On a toujours besoin de changements. Je ne pense pas que nous soyons toujours d’accord avec cela. (sourire)

Propos recueillis par Luc Magoutier
Photo : Athos

BALTHAZAR
Fever ([PIAS])
Sortie le 25/01/2019

Un autre long format ?