Arlt – Deableries

(Almost Musique/L’Autre Distribution)

Dans le paysage un peu morne et plat de la chanson française où une certaine normalité de fond et de forme fonctionne comme un passeport pour la légitimité, l’apparition récente d’un duo aussi atypique que Arlt fait figure de trésor à choyer comme un enfant fragile.

Avec pour parents spirituels Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, à l’époque où ces derniers enchaînaient des chefs-d’œuvre d’art brut comme L’Incendie (1973) ou Vous Et Nous (1977), Éloïse Decazes (chant) et Sing Sing (guitare, chant) ont repris en quelque sorte le flambeau d’une musique brûlante et atemporelle, à l’ossature saillante et néanmoins porteuse d’une sensualité troublante.

Après La Langue (2010) et Feu La Figure (2012), deux albums essentiels pétris de grâce surréaliste et d’échardes free folk, sans oublier un vrai-faux best of trituré à la moulinette expérimentale du multi-instrumentiste Thomas Bonvalet l’an passé, le tandem réapparaît aujourd’hui aguerri et plus déterminé que jamais à ne rien céder sur le terrain de la radicalité et du dénuement.

Deableries fait même un peu marche arrière en asséchant davantage la forme, en débarrassant ces ritournelles de toute tentation de décorum pour mieux traquer l’intime, ses zones d’ombre comme ses joies fulgurantes.

Nue Comme La Main, Les Oiseaux Cassent et La Rhubarbe sont à cet égard la parfaite illustration de cet élan poétique et décharné, avec des paroles répétées en boucle jusqu’à ne plus faire sens, avec ces guitares et autres banjos enveloppant le tout de rythmiques étranges et d’arpèges libres de toute convenance.

La faiblesse du disque réside peut-être dans le sentiment de redite qui se dégage en fin de parcours, malgré un titre bluesy comme Le Cancer, avec un refrain sous forme de valse doucement embrouillée qui offre aux comparses musiciens Mocke et Thomas Bonvalet de quoi emmener le duo sur des terrains cahoteux pleins de promesses.

“Poser nos pièges à loups dans le centre-ville, mon cœur”, nous susurrent-ils à l’oreille en ouverture et en conclusion de Deableries. Nous voilà donc rassurés : les plus beaux méfaits et coups tordus apportés à la chanson d’ici sont encore à venir.JTNDaWZyYW1lJTIwc3R5bGUlM0QlMjJib3JkZXIlM0ElMjAwJTNCJTIwd2lkdGglM0ElMjA1NzBweCUzQiUyMGhlaWdodCUzQSUyMDQ3MnB4JTNCJTIyJTIwc3JjJTNEJTIyaHR0cHMlM0ElMkYlMkZiYW5kY2FtcC5jb20lMkZFbWJlZGRlZFBsYXllciUyRmFsYnVtJTNENDYxMzg1MTkxJTJGc2l6ZSUzRGxhcmdlJTJGYmdjb2wlM0RmZmZmZmYlMkZsaW5rY29sJTNEMDY4N2Y1JTJGYXJ0d29yayUzRG5vbmUlMkZ0cmFuc3BhcmVudCUzRHRydWUlMkYlMjIlMjBzZWFtbGVzcyUzRSUzQ2ElMjBocmVmJTNEJTIyaHR0cCUzQSUyRiUyRmFybHQuYmFuZGNhbXAuY29tJTJGYWxidW0lMkZkZWFibGVyaWVzJTIyJTNFRGVhYmxlcmllcyUyMGJ5JTIwQXJsdCUzQyUyRmElM0UlM0MlMkZpZnJhbWUlM0U=

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