More
Pulp
Rough Trade Records

Avec « More », Pulp signe son retour événement !

Vingt-quatre ans après "We Love Life", Pulp signe un retour événement avec "More", un disque flamboyant, désabusé et furieusement dansant.

C’est tout Pulp que de démarrer son nouvel album par une sorte d’hymne plus ou moins disco baptisé Spike Island, tout en flamboyance décontractée et dégingandée avec des effets rigolos en arrière-plan qui font plus ou moins “dweeing, dweeing”, “schhhhhuffft, schhhhhufft”, une chanson sur laquelle il est difficile de ne pas avoir le popotin qui se met à onduler malgré soi, tandis que les petons recouverts évidemment de boots ont envie de se déployer et de se dégourdir. Et c’est aussi tout Pulp, en particulier son leader, de chanter dessus avec tendresse à propos du souvenir laissé par le concert de Stones Roses à Spike Island, le 27 mai 1990, devenu fameux, voire légendaire les années passant (notamment pour Noel Gallagher d’Oasis), mais qui – d’après les 28 000 spectateurs présents – aurait été désastreux au niveau du son (“And by the way / Spike Island come alive by the way / This time I’ll get it right, oh… I was born to perform / It’s a calling / I exist to do this / Shouting and pointing…” ; “Au fait / Spike Island prend vie, au fait / Cette fois, je vais y arriver, oh… Je suis né pour monter sur scène / C’est une vocation / J’existe pour faire ça / Crier et montrer du doigt…”).

Grandeur et décadence, légende et réalité… Même lorsque Pulp a surfé sur le succès au mitan des années 1990 profitant sur un malentendu du succès de la britpop, remportant même le Mercury Prize avec Different Class (1995), numéro un des ventes d’albums Outre-Manche à l’époque, le groupe né à Sheffield en 1978 s’est toujours distingué par son côté “freaky”, beau bizarre, son irrépressible besoin de rester dans les marges. Vingt-quatre ans après leur dernier album (We Love Life, 2001), Jarvis et ses acolytes (Candida Doyle, Nick Banks et Mark Webber), qui ne sont jamais formellement séparés, reviennent aux affaires avec un disque produit par l’impeccable James Ford, à la manœuvre sur les récents albums de Depeche Mode, Beth Gibbons, Fontaines D.C., Pet Shop Boys ou encore Black Country, New Road. Alors, que vaut-il ce More ? Il est bien, et même mieux que bien : il est très bien.

Mais encore ? Si vous aimiez l’exaltation, toujours mélangée d’une pointe de mélancolie, le grain de folie désabusé que dégageaient les meilleurs morceaux de Pulp (Razzamatazz, Common People, Do You Remember the First Time? Babies…), tout ça, vous le retrouverez sur ce disque. Que ce soient les épatantes Grown Ups ou Got to Have Love, on replonge avec plaisir dans le grand bain, prêt à s’agiter comme un(e) demeuré(e) sur le dancefloor tout en écrasant une petite larme sans trop savoir pourquoi, sans doute par nostalgie d’une époque qui a été et qui ne sera plus. Mais il n’y a pas que ça sur More, on se laisse happer aussi sans résister par l’étrangeté de Slow Jam, son côté grandiose à la Burt Bacharach, la meilleure ballade du moment pour se laisser aller. Et si l’on était une glace (Vanille ? Chocolat ? Pistache ? Pour Pulp, on choisit évidemment pistache !), on fondrait littéralement de plaisir à l’écoute de l’étonnante et confondante My Sex, sorte de trip-hop brinquebalant et hypnotisant. L’album s’achève sur des tempos ralentis avec d’abord un Hymn of the North tout en délicatesse et notes de piano, puis A Sunset où l’on se dit que, oui, Pulp a aussi écouté les Kinks. Et que Jarvis est un enjôleur, un conteur, et sait vraiment comme personne emballer son auditoire. Beau, donc. Et un peu bizarre. Tant mieux ! 

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