Un Marine moustachu réédité sur Paradise Of Bachelors

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Dans le genre rééditions de reliques folk rock à papa, le label Sunbeam était balèze il y a quelques années pour déterrer ou remettre en valeur des merveilles enfouies (Mark Fry, Roger Rodier, Linda Perhacs, Gary Farr…). Au passage, Sunbeam est apparemment toujours en activité et a même la particularité d’arborer un site Web encore plus vieux et ringard que le nôtre (ça console).

En s’intéressant ces derniers temps aux rééditions du label Paradise Of Bachelors, comme celle de Trout Steel (1970) de Mike Cooper il y a quelques mois, on retrouve un peu la même sensation qu’à l’époque chez Sunbeam. Cette impression bienfaisante de s’extraire en quelques notes sans âge du tohu-bohu assommant de l’actualité et de son lot d’excitations en demi-molle, entendant dans ces disques boisés et voyant dans ces pochettes de hippies jaunies de paisibles trésors de classicisme enregistrés dans la plus grande intimité, avec ferveur et candeur. Autant d’œuvres que l’on aurait pu chérir à n’importe quelle étape de notre parcours d’auditeur et que l’on chérira à nouveau à coup sûr dès que notre humeur le commandera.

Or donc, il se présente sous le nom percutant de Kenny Knight, il porte haut le ceinturon et la moustache à la gauloise. C’est un ancien Marine des seventies qui s’est mis à repeindre des carrosseries de bagnoles avec son père, et il se sert de ses avant-bras épais comme son chibre (on imagine) pour s’accrocher à un wagon direction Pétaouchnok (Colorado) sur la pochette de son seul album, Crossroads, paru en 1980. C’est ce disque que Paradise Of Bachelors rééditera au mois d’avril et qui nous branche ici.

Enregistré avec une poignée de musiciens locaux le plus souvent engagés sur le vif selon les besoins des morceaux (une pedal steel guitar, des percussions, des choeurs…), Crossroads est aujourd’hui devancé dans sa version remasterisée par la chanson America qui verse dans la country, là où d’autres extraits disponibles officieusement évoquent plutôt un folk rock auquel les amateurs de The Byrds et de ses multiples filiales devraient adhérer.

Comme l’écrit un éminent archiviste responsable des notes de pochette de la réédition : “Certains disques mettent du temps à trouver leur public, et Crossroads est l’un de ceux-là. C’est une question de persévérance.” Notez qu’il s’agit là du deuxième volet d’une série de rééditions qui met en avant des musiciens qui furent aussi militaires (le premier épisode était Over There… And Over Here de The Red Rippers).