“Thx”, le magnifique album de Lomelda, en concert Magic #5 mercredi

Lomelda sera en concert lors de la soirée Magic Number #5 le 15 novembre à l’Olympic Café (Paris), avec Katie Von Schleicher. Thx est l’un des coups de coeur du Magic #207. Voici la chronique de Cyril Sauvageot.

C’est au volant de sa voiture que Hannah Read – alias Lomelda – dit avoir composé l’essentiel de ce nouvel album, son premier pour Double Double Whammy, petit label new-yorkais à l’esthétique DIY (Florist, Frankie Cosmos). Originaire de Silsbee, smalltown de 6000 âmes perdue à l’extrême sud-est du Texas, la jeune femme, qui a vécu tour à tour à Waco et Austin, a mis à profit les longues heures passées seule sur la route pour laisser parler son imaginaire et “donner aux émotions de l’espace pour respirer”. Rien d’étonnant donc à ce qu’il soit si souvent question d’autoroutes et de voitures dans les textes de ses chansons (Interstate Vision, Nervous Driver, Out There). Mais ce décor en Cinémascope n’est guère qu’un prétexte pour regarder au fond d’elle-même (Mostly M.E.) et constater la distance qui la sépare (ou la rapproche) d’autrui. Aucune fascination ici pour le mythe de l’Ouest et les grands espaces. L’Amérique de Lomelda, c’est celle des parkings déserts et des banlieues sans âme, ces no man’s land émotionnels qui servent d’arrière-plan aux romans graphiques de Daniel Clowes et Adrian Tomine.

Elliott Smith, figure tutélaire évidente

Enregistré à la maison sans pression ni contrainte, Thx séduit d’emblée par sa simplicité et sa justesse de ton. Là encore, tout est question de proximité. Les folk-songs de Lomelda, classiques dans leur structure, échappent à la monotonie par la grâce d’arrangements subtils et discrets (les cordes de Far Out, la mélodie de piano de Only World), à la manière d’Elliott Smith, figure tutélaire évidente. Mais la grande réussite de l’album tient à la formidable complicité entre Hannah et son batteur Zach Daniels, seul musicien extérieur présent sur la quasi-totalité des morceaux. Le dialogue de leurs deux instruments donne de l’énergie et du relief à ce beau disque intimiste, produit en famille par Tommy Read, le frère de la chanteuse. Telle une cousine sudiste de Courtney Barnett ou Angel Olsen, avec qui elle partage la même passion pour l’indie-rock féminin des 90’s (Liz Phair, Cat Power, Juliana Hatfield), Hannah Read a tout pour s’imposer dans cette nouvelle génération de filles qui comptent. Son talent brut pourrait l’emmener loin. On fera volontiers la route à ses côtés.

Cyril Sauvageot

Les 10 coups de coeur du #207 de Magic à découvrir dans les kiosques, 8 euros.

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