“Pas de règles” : Le Top 2018 de Benjamin Pietrapiana

TOP DE FIN D’ANNÉE. Les rédacteurs de Magic délivrent tous les jours leur Top 2018, sous la forme d’une liste de 10 albums, assortie d’un texte de mise en relief. Épisode 21 avec Benjamin Pietrapiana.

  1. SPIRITUALIZED – And Nothing Hurt (Bella Union / [PIAS])
  2. LOUIS COLE – Time (Brainfeeder)
  3. MID AIR THIEF – Crumbling (auto-produit)
  4. FLAVIEN BERGER – Contre-temps (Pan European Records)
  5. SPIRIT FEST – Anohito (Morr Music / M.M.)
  6. ONEOTHRIX POINT NNEVER – Age Of (WARP)
  7. JOHN PARISH – Bird Dog Dante (Thrill Jockey / Differ-Ant)
  8. JPEG MAFIA – Veteran (Deathbomb Arc)
  9. LOW – Double Negative (Sub Pop)
  10. KELLY MORAN – Ultraviolet (WARP)
    + VARIOUS ARTISTS – Uneven Paths: Deviant Pop From Europe 1980-1991 (Music From Memory) Inégale mais passionnante compilation de ce qui ce faisait aux marges de la pop d’alors.

Quand j’ai commencé Spiritualized, je me suis mis en tête l’idée que tout pouvait être tenté. Absolument tout. Que ce soit en live ou en studio : pas de règles”, m’a dit Jason Pierce, auteur du céleste And Nothing Hurt, quand j’ai eu la chance de le rencontrer. Avec ces quelques mots, le spationaute définissait sa démarche pop moderne, la plus pertinente, la plus fructueuse. Ce mot d’ordre préside à ce classement, et son émetteur s’installe à son sommet.

La funk futuriste du petit génie de L.A. Louis Cole, qui mélange sur Time science jazz, ambitions futuristes et second degré geek, en est une excitante illustration, tandis que le chaos de Low sur Double Negative décline tout en noirceur et en abysse ce grand précepte. Au même titre que la folk électronique barrée de Mid Air Thief, parue en janvier, si injustement passée sous les radars francophones, ou que la pop à concept du français Flavien Berger, tous ont dévoilé des albums ignorants de la dichotomie possible/impossible et de la notion de genre musical.

Plus traditionnels, le super-groupe Spirit Fest (des membres de The Notwist, de The Tenniscoats, entre autres) et le joailler John Parish ? Loin de là. Sur leurs albums respectifs, (Anohito et Bird Dog Dante), les titres les plus convenus forment des rimes riches avec les morceaux les plus audacieuses. Des métaphores profondes plus que des oxymores éculés.

Le démiurge Oneohtrix Point Never, le rappeur le plus fêlé du game JPEG Mafia et la pianiste d’avant-garde la plus accessible Kelly Moran, forment, avec leur album sans cahier des charges, un passionnant triangle des Bermudes sonore de 2018. Il fait si bon s’y égarer.

Notule : Avec une certaine incertitude dans son ordre, ce classement consigne humblement les albums auxquels je suis le plus revenu dans l’année. J’espère qu’il alimente le pluralisme de la rédaction et rend justice à certains de ces disques mésestimés.

En miroir de ces parti-pris, mon bonus est VARIOUS ARTISTS – Uneven Paths: Deviant Pop From Europe 1980-1991 (Music From Memory), inégale mais passionnante compilation de ce qui ce faisait aux marges de la pop d’alors.