Souvent meilleurs pour les autres (Étienne Daho, Alain Bashung, Doriand, Brigitte Fontaine…) que pour eux-mêmes, Édith Fambuena et Jean-Louis Pierot, alias Les Valentins, ont réussi à éviter le piège du disque de producteurs à l’aune de leur quatrième album, organique, boisé et sans fard. Enregistré et mixé entre Paris, Londres et New York, Juke Box est une collection de onze chansons pop françaises à l’ancienne, comme on n’en espérait plus d’eux après tant de dispersions.

ARTICLE Franck Vergeade
PARUTION magic n°49À quelle image des Valentins pensions-nous en posant le pied sur le sol américain un jour de septembre 2000 ? Celle de compositeurs méconnus (Malaxe, La Nuit Je Mens ou Dehors sur Fantaisie Militaire de Bashung, c’est eux, Ouverture ou San Antonio De La Luna sur Corps Et ârmes de Daho, c’est encore eux), d’excellents producteurs (Brigitte Fontaine, Jacno, Daho, Hardy), bref, de travailleurs de l’ombre. Altruistes au point de trop se disperser et rarement se poser avec Les Valentins, Édith Fambuena et Jean-Louis Pierot, soixante-dix ans à eux deux, ont bien failli ne pas survivre à l’épisode Ego Ego, troisième album bâtard et nombriliste paru en 1997. Sans Alain Bashung, par le truchement duquel le duo s’est ressoudé autour de l’extraordinaire Fantaisie Militaire, Les Valentins n’existeraient plus. Après quinze ans de bons et loyaux services pour la pop française. D’abord en trio sous l’identité Max Valentin (“Un nom un peu con qui était provisoire”), avec un certain Gérald Gardrinier (plus connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Gérald De Palmas…), avant de perdre une unité pour mieux se réunir.

Mais sans jamais retrouver le succès du tout premier 45 tours, Les Maux Dits en 1987, même si J’Ai Triste rencontrera six ans un plus tard un certain écho dans l’Hexagone. Mais, sur la longueur, ni Café Des 2 Mondes ni Les Valentins, et encore moins Ego Ego, ne parviendront à satisfaire. “La pop française s’est bien décomplexée par rapport aux Anglo-Saxons”, reconnaît Jean-Louis. Et Les Valentins aussi. Il aura fallu attendre pour cela 2001 et la sortie de Juke Box, un titre en souvenir du pub new-yorkais où le tandem avait pris ses quartiers nocturnes au sortir du Studio Sound On Sound. Cet album en forme de montagnes russes démarre trois fois à intervalles réguliers (Entre Elle Et Moi, Le Marchand De Fleurs, Comme Dans La Vie, énorme tube potentiel avec son sample de guitare qu’on jurerait piqué au répertoire des Smiths et non à celui de Chris Isaak) et retombe à chaque fois dans une nostalgie poignante (Nos Mères, Etretat, Le Derrière Des Portes, Je T’Écris), le tout savamment orchestré par l’orfèvre Will Malone (Massive Attack, The Verve…).

“Selon avec quoi tu commences, tu ne racontes pas la même histoire. C’est un parti pris d’ouvrir par Entre Elle Et Moi. C’est un moyen de planter le décor dès le début, on n’y va pas à tâtons”. Cinq mois ont passé depuis notre visite new-yorkaise : on retrouve Édith et Jean-Louis dans les locaux parisiens de leur maison de disques. Avant de partir anonymes sur les routes de France pour “se remettre le pied à l’étrier”, selon leur expression cavalière. “On n’y est pas allé par quatre chemins, on a demandé à Barclay de partir tous les deux dans les bars, sans affichage sans rien. Pour faire le plus de dates possibles”. Entre temps, fidèle à sa réputation, le duo n’a pas perdu de temps, produisant un titre pour Brigitte Fontaine, collaborant avec Axelle Renoir pour la chanson du film Les Jolies Choses (d’après le livre de Virginie “Baise-Moi” Despentes), et travaillant avec Étienne Daho pour Marianne Faithfull. “Si on nous avait dit ça quand on avait quinze, seize ans ! Elle vient la semaine prochaine à Paris pour enregistrer”, se réjouissent-ils, presque incrédules.

En plein mixage de votre quatrième album, comment vous sentiez-vous ?

Édith : On s’était donné une ligne de conduite et l’on n’en a pas dévié. Ce qu’on entend au fur et à mesure des chansons mixées, c’est exactement ce qu’on s’imaginait dans le meilleur des cas.

Jean-Louis : On s’était fait une image assez bien esquissée de l’album tel qu’on le voulait et l’on arrive maintenant à découvrir l’image qu’on avait espérée. Et c’est la première fois que ça nous arrive. C’est notre quatrième album, le troisième qu’on produit. Sur le deuxième, on était un peu parti à l’aventure et ça avait donné un résultat qu’on avait beaucoup aimé. Sur le précédent, on était parti dans tous les sens.

É : On était dans le doute à l’époque. Ça n’était pas un bien et pour nous, et pour la musique, et pour les chansons.

Quelle était donc votre ligne de conduite cette fois ?

JL : Il se trouve qu’entre Ego Ego et celui-ci, il s’est passé quatre ans pendant lesquels on a beaucoup travaillé avec les autres. Que ce soit pour des réalisations, des arrangements ou des compositions. Avant, chaque fois qu’on faisait une chanson, on l’enregistrait parce qu’on n’avait pas l’opportunité de le faire ailleurs qu’en studio pour nos propres albums. Et là, on s’est rendu compte qu’on pouvait tenter des choses différentes en dehors des disques des Valentins, ce qui nous a permis de nous concentrer sur une ligne de conduite qui était de faire des chansons pop, avec une certaine homogénéité dans le choix des arrangements.

É : Des chansons que je puisse chanter déjà, parce qu’il y a plein de choses que je ne peux pas faire. C’est vrai que le fait de travailler avec des gens divers a pu préciser notre univers. Par exemple, ce qu’on a appris avec Bashung nous a servis. Et si on l’avait fait juste après Fantaisie Militaire, Juke Box aurait été un autre disque. D’ailleurs, on a essayé.

JL : On a écrit un album l’année dernière qu’on n’a pas enregistré.

É : Il a fallu qu’il y ait eu d’autres collaborations comme celle avec Étienne Daho pour qu’on s’aperçoive que les chansons n’étaient pas pour nous, alors qu’elles figuraient sur l’album qu’on était supposé enregistrer pour nous. Cela aurait été une erreur monumentale. Ou alors on se serait retrouvé dans le cas d’Ego Ego. Si bien que ces chansons, on les dispatche à droite à gauche. Il y en une autre qu’on retrouvera sur le prochain disque de Marianne Faithfull. La seule qu’on ait gardée, qui n’avait d’ailleurs rien à voir avec les autres, c’est Nos Mères. On a essayé de faire l’album le plus simple possible.

Apprentissage

Vous l’avez écrit quand ce disque ?

JL : Cette année (ndlr : en 2000). Les deux tiers ont été composés juste après la fin de l’enregistrement de Corps Et Armes, en février, mars.

É : On fait un marché tous les deux. On se voit, mais on ne se fait rien écouter pendant quelques mois.

JL : Et une fois qu’on a une quinzaine de morceaux chacun de notre côté, on fait notre best of.

É : Même au sein d’une chanson. On utilise son refrain, mon pont, etc…

Vous fonctionnez ainsi uniquement au niveau de la composition ?

Ça dépend des textes. Mais sur Juke Box, l’écriture s’est même faite à six mains. Parce qu’il y a aussi Éléonore Weber, une amie à nous qui écrit pour le théâtre. Il y a un an, on était tellement dans le doute avec Jean-Louis qu’on avait envie d’essayer autre chose. On n’arrivait pas à écrire une ligne sans qu’on trouve ça à chier. Et à l’arrivée, elle a écrit cinq textes. Elle fait vraiment partie de notre famille aujourd’hui.

Considérez-vous que c’est l’album de la vérité ?

JL : On pensait qu’on nous attendait un peu au tournant avec ce disque et l’on a essayé de faire quelque chose d’assez différent de ce qu’on a fait avec Alain ou Étienne. C’était aussi pour se donner une plus grande identité en tant que groupe.

É : Finalement, on a fait les artisans. On ne s’est pas caché derrière la production. Et en ce sens-là, c’est peut-être l’album de la vérité.

Aviez-vous conscience d’avoir mis la barre très haute en travaillant pour Bashung ou Daho ?

JL : On s’en est rendu compte après. (Sourire.) Déjà, au sortir de Fantaisie Militaire, on avait conscience de la valeur que ça avait. Plus ça prenait corps, plus on était bluffé tous ensemble.

É : C’est pour ça qu’on ne s’est pas caché et qu’on a été au plus simple. Arranger les chansons des autres, c’est toujours enrichissant, mais ça ne prouve rien. Or, on voulait se prouver qu’on était encore capable d’écrire une chanson de A à Z, sans mettre d’électronique. Et cet album en est la preuve, ce qui nous réconcilie pas mal avec nous-mêmes.

Quand vous vous retournez sur votre passé (ndlr : le groupe existe depuis douze ans dans cette formation), comment jugez-vous votre parcours ?

JL : Une longue période d’apprentissage…

É : … Qui n’est pas encore finie.

JL : Le groupe tel qu’il est maintenant est vraiment né avec le deuxième album. Sur le premier (ndlr : Café Des Deux Mondes, en 1990), on ne savait pas encore trop ce qu’on voulait.

É : Tout était allé tellement vite aussi. On est arrivé sur Paris, on était trois à l’époque, on a enregistré ce 45 tours, Les Maux Dits, qui a pas mal marché en radio. On n’avait aucun repère, on n’avait pas eu de galère, on savait qu’on voulait faire ça, mais on ne savait pas comment. Il n’y avait aucune identité. D’ailleurs, en écoutant nos disques, on devine à chaque fois l’âge qu’on avait. Alors je ne dis pas que Juke Box est un album de vieux, mais il est plus réfléchi, sincère et généreux.

JL : On est surtout devenu moins influençable…

É : … Et beaucoup plus soudé. Parce que la crise d’Ego Ego, c’était un bras de fer du matin au soir. On voulait la même chose, mais on se battait pour remporter la méthode pour le faire. Si bien que la fondation du groupe était devenue tellement fragile que ça pouvait partir d’un côté ou de l’autre.

JL : On a quand même failli se séparer pendant le mixage. Au point qu’on allait à tour de rôle en studio, en défaisant l’après-midi ce que l’autre avait fait le matin.

Qu’est-ce qui a fait que vous n’avez finalement pas splitté ?

É : Peut-être le recul, justement. On s’est dit qu’on était stupide et qu’on avait encore des choses à faire ensemble. Et l’album d’Alain est arrivé à ce moment-là.

JL : Sans le savoir, Alain nous a réconciliés. On a tous les deux plongés pendant huit mois dans son disque et, comme on travaillait pour quelqu’un d’autre que nous, on avait un point de ralliement qui nous faisait avancer main dans la main. Au sortir de Fantaisie Militaire, on était beaucoup plus soudé qu’on ne l’avait jamais été.

É : C’est marrant comment ça s’est passé. Alain avait d’abord contacté Jean-Louis parce qu’il cherchait un claviériste et Jean-Louis avait demandé ma présence pour les arrangements, comme on fait d’habitude.

JL : Alain s’est rendu compte qu’on était une équipe. Quand on en prend un, on prend les deux. (Sourire.)

Vous ne l’aviez jamais rencontré ?

Personnellement, pas du tout. Il était tombé sur la production de La Femme À Barbe qu’on avait fait sur Genre Humain de Brigitte Fontaine. Sinon, il n’avait jamais entendu nos disques.

Tranche de vie

Avec le recul, qu’est-ce qui vous rend le plus fier sur votre contribution à Fantaisie Militaire ?

É : Il n’y a pas que l’artistique là-dedans. Il est arrivé à une période particulière de notre vie. Par exemple, je ne peux pas l’écouter en entier ce disque. C’est une tranche de vie qui est énorme.

JL : Pendant l’enregistrement, par les hasards de la vie, on a perdu chacun notre père à deux mois d’intervalle.

É : Chaque note me replonge dans un truc qui, émotionnellement, est très fort. Et je suis sûre que ça restera ainsi toute ma vie.

JL : On a tout donné dans là-dedans.

É : Quand il nous a demandé de travailler sur Dehors, Malaxe ou La Nuit Je Mens, des chansons sur lesquelles on a été crédité en tant que co-compositeurs, il nous avait donné les textes, la mélodie de la voix et c’est tout. Il te laisse travailler jusqu’au bout de ton idée. Au bout de trois versions, on lui a fait écouter Malaxe et je me souviendrai toujours du moment où il a enlevé ses lunettes. Là, j’ai su qu’il avait été touché par lui-même.

JL : C’est le titre qui réunit le plus l’univers d’Alain et le nôtre. C’est aussi une tranche de vie pour Alain, qui était en plein divorce : chacun était dans sa bulle avec ses problèmes, ses vagues à l’âme.

É : Paradoxalement, c’était pas triste, on s’est bien marré. C’était une belle histoire.

Autre belle histoire, vous avez retrouvé Étienne Daho pour Corps Et ârmes

Il n’avait pas envie de refaire Eden numéro deux, et il est arrivé en ayant déjà fait son marché.

JL : En fait, on était au stade de la pré-production de l’album qu’on avait écrit l’année dernière quand on a commencé à travailler sur celui d’Étienne. Ce qui s’est passé, c’est qu’inconsciemment, on l’a co-réalisé comme on voulait faire le nôtre. Ça s’entend sur Corps Et Armes qui est très electro et très différent de celui qu’on fait en ce moment. Pour nous, c’était un peu le défouloir, on a pu mettre en pratique des idées qu’on avait et qu’on n’aurait pas pu réaliser budgétairement. L’erreur, c’est qu’on était en train de faire un album de producteurs.

É : C’était : “La dernière idée est toujours la meilleure”. Étienne nous a permis d’assouvir toutes nos frustrations et, donc, on est reparti balle neuve. Ce qui nous a permis de ne pas faire d’erreur sur celui-ci et de revoir Tom Durack, l’ingénieur du son qui avait mixé Paris Ailleurs et Corps Et Armes, qui est vraiment devenu le troisième larron.

Est-ce un signe que toutes les chansons soient en français ?

Certainement. Parce qu’il y en avait deux en anglais et une en espagnol sur Ego Ego, qu’on faisait toujours des reprises. On a un peu grandi et c’est bien de défendre la pop en français. On s’est pas caché, c’est comme dans la vie.

Comment vous situez-vous en France ? Comme des pionniers ?

Non.

Du point de vue de l’âge, au moins ?

Ouais. (Sourire.)

JL : Les Innocents ont aussi notre âge.

É : Mais on a eu pas mal de frustrations rock parce que c’était bien et cool de faire du rock. Et qu’on aimait ça. Mais c’était pas forcément bon.

JL : Et pas forcément nous. Un chat fait un chat.

Quand vous voyez émerger un groupe comme Autour De Lucie…

É : Ça fait plaisir.

JL : Il se trouve qu’on doit certainement écouter les mêmes disques.

É : C’est marrant parce qu’on était à Davout pendant un an pour la pré-prod de Corps Et Armes et eux sont arrivés pour enregistrer avec Ian Caple. Un jour, Étienne rentre et nous dit : “C’est un truc à vous, ça ?” En fait, c’était un morceau d’Autour De Lucie. Et même si ça n’a rien à voir, ce sont les mêmes ingrédients.

Même si vous semblez avoir mieux digéré vos influences, y a–t-il un disque qui vous a particulièrement influencés ?

JL : Il y en a un, même si c’est une référence un peu énorme parce qu’elle est très utilisée : l’album blanc des Beatles. Pour les sons, la production, les chansons. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas rebaigné dedans.

É : Sinon, on a toujours en tête les deux derniers albums de Talk Talk.

JL : Plus Spirit Of Eden que Laughing Stock, d’ailleurs.

Pensez-vous pouvoir capter un nouveau public avec Juke Box ?

É : Si on capte déjà un public, ce sera bien.

JL : Déjà, on a capté notre maison de disques. (Sourire.)

Là aussi, vous aviez des doutes ?

É : Eux en avaient en tout cas.   

JL : Il nous restait cet album à faire dans le contrat.

É : Mais c’était pas sûr qu’on puisse le faire.

C’est donc l’album de la dernière chance ?

Ça a été clairement dit. On savait que les chiffres de nos derniers, surtout d’Ego Ego, étaient… décevants. (Rires.) Je crois que c’est le mot en termes de ventes. Celui qui s’est le mieux vendu est le second (ndlr : 20 000 exemplaires).

JL : On n’est pas des vendeurs.

É : Même pas des cordonniers. (Sourire.)

JL : Notre plus grand succès, c’est notre premier single qu’on a sorti quand on avait vingt ans, c’est un peu décevant quand même.

É : On n’a jamais eu conscience qu’il fallait vendre pour faire de la musique.

Vous n’avez pas été tenté par le circuit indépendant, que vous n’avez jamais connu ?

JL : On se disait que c’était peut-être le moment. D’autant qu’on ne voulait pas d’un accueil mitigé de la part de Barclay. Et l’on a été très surpris de leur enthousiasme.

 

Jumeau

Comment vous vous êtes connu ?

Au lycée. Grâce au marchand de fleurs, un ami d’enfance de mon village. C’est lui et sa sœur qui nous ont fait nous rencontrer. À l’époque, j’étais en première et Jean-Louis en seconde.

En plus de dix ans, vous n’avez jamais pensé incorporer des gens à plein temps dans le groupe ?

É : Si, plein de fois.

JL : Dieu merci, on ne l’a jamais fait. Pendant longtemps, on a eu Stephen Irvin, l’ancien batteur des Commotions, qui a joué principalement sur notre deuxième album et avec qui on a beaucoup tourné. Ensuite, il y a eu Robert Johnson, le guitariste. Sur le moment, on a vraiment pensé les incorporer dans le groupe. Mais, heureusement, on l’a pas fait : on n’est pas fâché mais on s’est bien éloigné artistiquement.

É : On a à peu près la même vie, donc les influences ou les tournants, on les prend ensemble. Et à trois ou quatre, c’est déjà plus compliqué. La première expérience avec Gérald l’a prouvé.

Avez-vous parfois l’impression d’être frère et sœur ?

Ouais, même jumeau. Un jour, Étienne nous a dit qu’on était comme des jumeaux cosmiques. On n’a pas besoin de se parler. Je commence une phrase et il la termine.

Vous avez chacun des frères et sœurs ?

Tous les deux : (En chœur.) Oui.

JL : Mais je connais beaucoup plus Édith que mes frères et sœurs, honnêtement. Parce que ça fait vingt ans qu’on traîne ensemble, qu’on tourne, qu’on fait de la musique… La seule période où on s’est moins vu, c’est quand je suis parti habiter en Suède avec ma fiancée pendant deux ans.

Voudriez-vous rajouter quelque chose ?

É : Dans ce disque, on a un peu plus ouvert les yeux sur nous-mêmes. Entre Elle Et Moi, ça peut être Jean-Louis, moi ou tout le monde, mais il parle d’un sujet qui va forcément être épineux quand le disque va sortir. Mais c’est une chanson d’amour avant tout, il n’y a rien de militant. Et si je dois le faire, c’est justement sans brandir quoi que ce soit pour faire comprendre aux autres que ce n’est ni une attitude ni un porte-drapeau. Même si je sais que je vais me faire taper dessus si je dis ça aussi.

Tu remarques que c’est toi qui as abordé le sujet…

Mais je voulais t’en parler et je te remercie de ne m’avoir pas posé de question. C’est très classe. (Sourire.) Ce qui est dit dans Entre Elle Et Moi l’est avec des mots simples et ce n’est pas une chanson sur l’homosexualité féminine. C’est une chanson d’amour avant tout. Parce qu’il n’y a pas très longtemps que je connais le milieu. J’ai eu envie d’en parler, mais ce n’est ni une révélation ni un coming-out. C’est pas comme ça qu’il faut la prendre. Et Jean-Louis aurait pu la chanter aussi.

JL : D’ailleurs, sur la toute première démo, c’est moi qui chantais. Mais bien sûr, dans sa bouche, le sens prend beaucoup plus de… sens. (Sourire.)

Un autre long format ?