Il nous a fait l’amour (peut-être), avec des chaussettes, avec des lunettes et avec Bertrand Burgalat. Il revient, tristoune et introspectif, sur un nouvel EP, transformant son désarroi en mélodies supérieures futuristes. Ricky rigole moins, mais touche au cœur, ce trésor.

«Tu dis que je suis prêt, que je suis à deux doigts, deux doigts d’y arriver, qu’il faut le vouloir un peu, le vouloir c’est mieux. Tu sais, j’essaie, j’essaie, j’échoue, je sais.» C’est ainsi que Ricky Hollywood évoque, sur un J’essaie toute en langueur autotunée, la bien compréhensible lassitude du chanteur pop toujours à deux doigts du succès, mais toujours à courir après.

Entre une nappe ambient pour «chiller» et un slap de basse pour se réveiller, ce nouveau single du musicien parisien cumule pourtant pas mal de bons points dans le zeitgeist 2018 : une progression harmonique plongeant l’auditeur dans le coton d’un lointain rêve de gloire (musique sédative), le refrain sifflant, suave et savant d’un Voulzy hybridé à un Chaton, soient les années 80 et le futurisme MIDI synthétisés à la mode près chez vous.

Mais sans thunes et même avec autotune (houhou), difficile de faire son trou dans le grand stream. Trop déprimant le Ricky pour les major compagnies ? Ce serait dommage de réduire Stéphane Bellity, par ailleurs talentueux batteur ces jours-ci de Juliette Armanet, Halo Maud ou Stéphane Laporte/Domotic, à son mantra Beckettien («Réessaie, échoue encore, échoue mieux», pour rappel).

https://youtu.be/OkE6lS7j3EQ

Pour mémoire, son duo avec Burgalat L’amour peut-être a été un vrai tube de l’été dernier, de ceux qui créent des couples sur le dancefloor, des couples qui s’aimeront, qui se marieront, qui auront des enfants, rien de moins. Issu d’un premier album faussement modeste, cet hymne à l’amour bien fait posait sa serviette estivale aux côtés de plages toutes aussi entêtantes (Tu connais cette chanson) et modernes (Salut, je ne te reconnais pas, surfant sur l’anonymat IRL, conséquence de nos vies virtualisées, aussi appelé prosopagnosie).

Et sur ce nouvel EP (sur un nouveau label, Futur, qui n’annonce que du bon), aux côtés de ce J’essaie un brin burné/brûlé (mais pourtant radieux, irradiant, et radiophonique), il y a un autre tube liquide, également coécrit avec Flop, le boss des Disques Bien, Coule (feat.Toro Azor), aussi cool que coulant, donc, entre la pop en 3D de Cornelius et les vocalises futuristes de Ryan Power, en une savante plongée sous-marine onirique et synthétique.

Bref, on attend un album à la hauteur des ambitions de celui qui a déjà son nom écrit sur une colline californienne. Le blockbuster ultime, un sommet sans vallée pour redescendre (ou chuter), où Ricky Hollywood sera bien là où il mérite d’être, au top, et heureux de l’être.

Un autre long format ?