Pyrit est un animal pop bien différent des autres. Il est seul et passe son temps à chercher de nouvelles manières de créer, d’enregistrer, de jouer en live. En complément de notre article pour la rubrique “Presque Célèbre” paru dans le numéro 211, voici un 5 questions/5 réponses pour aller plus loin dans cette rencontre avec un musicien mystérieux, en concert ce jeudi soir à l’International à Paris.

 

L’album Control, paru en avril, avec la chanson Another Story, est-il un nouveau départ pour toi ?

Oui, le premier disque UFO (2015), c’était vraiment parti comme ça, sans que je l’aie prévu, ce n’était pas pour sortir un disque, c’était juste pour moi. Dans Control, il y a beaucoup plus de travail, ça m’a pris deux ans, j’ai avancé.

C’est un album très synthétique. Quelles sont tes références en la matière ?

Il y en a trop, je ne sais pas. Daft Punk ? Non, je n’aime pas trop (rires). The Haxan Clock (musicien et producteur britannique en activité depuis 2009, ndlr)a été super important, mais à part ça je ne sais pas.. L’idée c’était de trouver un monde très très synthétique, pas juste avec des synthé ou des instruments numériques. J’ai commencé à enregistrer plein de bruits dans le métro : des gouttes d’eau, j’ai cassé des verres. Puis j’ai transformé ces bruits enregistrés en analogique avec mes machines, pour donner un truc bizarre. C’est comme ça que j’ai composé. Pas en écrivant des morceaux, mais en partant d’une recherche de textures nouvelles. Avec cette collection sonore, j’ai ensuite commencé à écrire des morceaux. Il n’y a aucun son de batterie normal, il y a toujours un bruit transformé qui prend le rôle d’une caisse claire. Des bruits qui viennent d’ailleurs.

Comment as-tu travaillé pour le clip de Another Story, où tu as cette étonnante combinaison bleutée ?

On m’a emballé avec du plastique noir, on a fait beaucoup de maquillage. Du coup, ça brille beaucoup. Finalement on a tourné avec une pellicule 16 mm. L’idée était de trouver une sorte de personnage différent de moi, un truc qui sort du noir et qui est en train de découvrir le monde. C’est comme si quelqu’un arrive sur Terre et voit toutes les possibilités offertes à lui. On te dit aujourd’hui «reste toi-même», mais c’est impossible, on change tout le temps. Cet album parle de moi, mais aussi de tout le monde, c’est un opéra-pop de ce qui se passe à l’intérieur d’un cerveau humain, en forme d’introspection. Un univers parallèle complètement différent de la réalité. C’est pour ça que le disque s’appelle Control. L’idée de perdre le contrôle sur la réalité, avec la musique. Je répète ça durant tout l’album : «I am the one losing control»/«Je suis celui qui perd le contrôle».

En live, il y a une vraie mise en scène. Des lumières au son en passant par les costumes, et tu gères tout, tout seul, c’est impressionnant. Comment fais-tu, tu es autodidacte ?

Oui, j’ai un petit studio à Saint-Lazare, j’essaie beaucoup de choses. En Suisse j’étais technicien lumière, et aussi j’ai fait une école de cinéma, j’ai fait des films. J’ai tout le temps envie de gérer tout moi-même, même avec les machines (rires). Je suis tout le temps en train d’expérimenter pour pouvoir gérer tout moi-même sur scène. Beaucoup de musiciens se reposent sur Abbleton, moi j’essaye de casser cette idée, de trouver des modules, des pads, des choses nouvelles. Par exemple j’ai une plaque en métal que j’ai bricolée moi-même, je l’ai branchée sur l’ampli avec un micro. Il y a aussi un pad qui gère l’ordi, comme ça je peux gérer tous les pads en même temps.

Sur scène, une vraie tension qui se dégage…

J’ai juste envie de revivre quelque chose, de sentir quelque chose. Au début j’avais beaucoup de mal à être sur scène, car c’est très personnel ce que je fais. Maintenant j’y arrive, et c’est très intense pour moi car c’est très sincère. L’idée de tout donner, de se perdre dans la musique, sur scène aussi. «Losing control»/ «Perdre le contrôle» sur scène. Mais ça ne marche jamais vraiment totalement (rires).

Entretien : Maxime Jammet
Photos : Julien Bourgeois

Pyrit est en concert jeudi 4 octobre à l’International (Paris)

Un autre long format ?