Nos 5 concerts préférés du We Love Green 2018

1. Björk, c’est féérique !

Dimanche, en fin d’après-midi, Father John Misty se plaignait de ne pas réussir à cueillir les fans de Björk, quelques heures avant la prestation tant attendue de l’Islandaise. Son unique concert en France cette année s’ouvre par un manifeste qui présente son idée de l’utopie – en référence au nom de son dernier album. Il s’agit d’un monde idéaliste, résolument green, où l’harmonie règne entre l’humain et la nature. En témoigne sa scénographie, hallucinante, d’une ampleur rare pour un festival. Liane de fleurs et fleurs géantes se côtoient autour d’un massif de plantes épais et mouvant, laissant apparaître des nymphes flûtistes, dans un ballet remarquable de douceur. Björk ponctue son concert de bruitages primitifs, naturels, des chants d’oiseaux ou des bourdonnements d’insectes. En arrière scène, elle projette des extraits de clips, reportages animaliers ou images du futur – on la sait sensible à la VR. Elle est dans le rôle de l’optimiste invétérée – elle souhaite qu’on prenne conscience des conséquences dramatiques du changement climatique. Les fleurs qui faneront pourront renaître : c’est sur ces dernières images que se clôt ce voyage au pays des fées. On regrette simplement que la star n’ait pas pensé son set avec des titres plus rythmés, seulement deux sur une dizaine, pour la grande majorité issue d’Utopia, qui à l’instar de ses derniers albums plus expérimentaux, ne fait pas l’unanimité auprès des fans.

• Son actualité : Son dernier album Utopia est sorti l’année dernière. Elle continue de le défendre partout en Europe.

2. Charlotte Gainsbourg

Quand les premières notes de Lemon Incest de Serge Gainsbourg résonnent, la scène de la Clairière frisonne. Pourtant, Charlotte Gainsbourg ne rend pas qu’hommage à son père, elle se réapproprie un passé pour conquérir le futur. En à peine une heure, elle a livré une performance fascinante, juste et virtuose, parfaitement accompagnée par une scénographie intelligente – malheureusement légèrement gâchée par la lumière du jour. A côté d’un Charlotte For Ever émouvant et puissant, la chanteuse (et actrice !)  a puisé dans son parfait dernier album Rest sans oublier quelques uns de ses titres les plus efficaces (The Songs That We Sing, Heaven Can Wait). Sûrement la performance la plus élégante de ces deux jours de festival.

• Son actualité : Charlotte Gainsbourg entame une grande tournée des festivals et sera notamment au festival La Magnifique Society de Reims le 15 juin, mais aussi au festival Beauregard (6 juillet), aux Francofolies de la Rochelle (12 juillet) et au Rock en Seine (25 août). 

3. Father John Misty recrute des fidèles

Après s’être offert une nouvelle salve d’harmonies raffinées avec le subtil God’s Favorite Customer, Father John Misty investissait la grande scène de la Prairie devant une foule clairsemée et d’abord peu réceptive. Il a fallu beaucoup de talent au sarcastique Américain pour retourner les spectateurs : d’abord en multipliant les meilleurs titres de son dernier album (Hangout at the Gallows, Disappointing Diamonds Are the Rarest of Them All, Mr. Tillman, Please Don’t Die) puis en piochant dans les plus belles symphonies de sa discographie impeccable (Total Entertainment Forever, Chateau Lobby #4 (in C for Two Virgins), Pure Comedy). En guise d’ultime cadeau, Joshua Tillman a offert ses deux classiques les plus fédérateurs, Holy Shit et I Love You, Honeybear, avant de quitter la scène sous des ovations plus que méritées. Le Father a sûrement gagné de nouveaux adeptes.

• Son actualité : L’Américain a sorti son quatrième album God’s Favorite Customer le 1er juin. Il le défend en Europe et aux États-Unis jusqu’en novembre prochain. Aucune nouvelle date n’est programmée en France.

4. Gus Dapperton

Hyper-lookés et sans fioritures, les membres du groupe de Gus Dapperton (notre “Presque Célèbre” du numéro 208) détonnaient dans cette programmation du We Love Green. Mais à peine les premiers accords furieusement effectués, le New-Yorkais (à peine 20 ans) a mis tout le monde d’accord avec ses pop songs lo-fi parfaitement exécutées et même durcies par rapport au studio. Même quand il reprend le fameux Twist & Shout notamment interprété par les Isley Brothers ou les Beatles, le kid garde son authenticité et sa personnalité. Gus Dapperton vole vers le succès de manière décomplexée.

• Son actualité : Gus Dapperton sera en concert à Reims le 16 juin dans le cadre du festival La Magnifique Society. 

5. Mount Kimbie

Programmer le concert des exigeants Mount Kimbie, un post-dubstep plus taillée pour les oreilles averties qu’à une écoute fugace un après-midi estival, peut sembler un choix étrange. D’autant que l’acoustique du chapiteau rend difficilement honneur à la production alambiquée du duo anglais. Mais après une dizaine de minutes de set, les boucles obsessives des chansons ont plongé le public en transe. Joie qui éclata collectivement au moment ou King Krule apparut sur scène pour délivrer Blue Train Lines, énervé single du dernier album des Anglais. Made To Stray, dernier morceau de la playlist, achève de placer le duo parmi les groupes de scène qui comptent – même un dimanche en plein soleil.

• Leur actualité : Le groupe sera à Dour en Belgique le 14 juillet prochain. 

Luc Magoutier, Alexandra Dumont et Nicholas Angle