Les 13 disques à ne pas rater cet été

Le rythme des sorties se ralentit au cœur de l’été. Nous suspendons notre rubrique Magic aime jusqu’au 30 août, non sans vous recommander ces sorties qui ne sauraient être victimes de vos vacances bien méritées.

PERRY BLAKE – Songs of Praise
(Moochin ‘about/PIAS) – 19/07/2019
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Perry Blake semble avoir toujours été écartelé entre deux tentations, d’un côté une propension à la mélancolie contemplative, de l’autre une envie de «solarité». Songs of Praise est au point de confluence de ces deux pôles. Renouant avec la voix spectrale des premiers disques, Perry Blake travaille des textures plus électroniques et mouvantes, parfois menaçantes et presque martiales, d’autres fois apaisées. Une œuvre bipolaire doublée d’un sentiment de retrouvailles avec un ami perdu de vue.

DARREN HAYMAN – 12 Astronauts
(Belka Records) – 19/07/2019
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Cinquante ans après que l’homme a posé le pied sur la Lune, l’Anglais Darren Hayman dévoile 12 Astronauts, recueil de douze titres en hommage à ces héros des temps modernes, ces aventuriers de l’inconnu et voyageurs de l’Espace, sujet qui a toujours passionné cet esprit curieux et créatif.

SPOON –  Everything Hits At Once
(Matador Records) – 26/07/2019
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Après trois décennies d’une carrière ancrée dans le panthéon de l’indie-rock, Spoon méritait bien un best-of de ses plus grands titres. C’est désormais chose faite grâce à cette compilation qui sortira chez Matador et qui emprunte à tous les albums du groupe. En clôture de la tracklist, un inédit : No Bullets Spent, un morceau qui n’y va pas par le dos de la cuillère : du Spoon pur sucre.

SCHOOL OF LANGUAGE – 45
(Memphis Industries) – 26/07/2019
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Dans 45, référence à la position de Donald Trump dans la liste des présidents des États-Unis, David Brewis livre une sorte de comédie musicale prenant en grippe le régime politique de l’homme le plus puissant au monde, sur des sonorités funky qui feraient presque oublier le malheur qui est à l’œuvre.

SARATHY KORWAR – More Arriving
(The Leaf Label) –  26/07/2019

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Sauf si vous suivez avec une discipline monastique les nouveaux artistes jazz qui redéfinissent le genre dans l’underground londonien (voir notre n°214), vous n’avez jamais entendu parler du compositeur indien Sarathy Korwar, ni des partenaires (Tamar Osborn, Al MacSween, MC Mawali…) avec lequel il fait paraître son deuxième album, More Arriving. Ce scandale prend fin ici : cet album est un manifeste brillantissime du temps présent. C’est de loin le meilleur maillage entre pop, musiques urbaines et sons traditionnels qu’on a pu entendre depuis The Hour of Two Lights de Terry Hall et Mushtaq en 2003. Ce n’est pas un hommage : c’est une prosternation.

BILL RYDER-JONES – Yawny Yawn
(Domino Records) – 26/07/2019
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Il faut une belle part d’humilité ou de culot pour épurer et réinterpréter au piano les chansons de son dernier album, Yawn (2018) qui s’avérait être une franche réussite. Sur le modèle, Bill Ryder-Jones dessinait une mélancolie nerveuse et sèche proche des disques des aînés de Bedhead ou Codeine. Ce retour à la chair et l’os se transforme en agent révélateur. Il permet de découvrir des détails non repérés sur Yawn. La voix traînante et presque nonchalante de Ryder-Jones s’esquisse toujours à la limite de la menace. Yawny Yawn, avec ses accents mortifères à la Big Star, le place enfin au centre du son. Peut-être le meilleur disque de son auteur.

LLOYD COLE – Guesswork
(Earmusic) – 26/07/2019
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Dès la première écoute, ce qui est remarquable c’est l’usage des synthétiseurs pour un résultat improbable entre kitsch, rétrograde et post- moderne. Pour autant, Lloyd Cole ne se transforme pas en clubber mais use de l’électronique comme un ingrédient apportant plus de couleurs. Malgré cette métamorphose plutôt pertinente, les grands moments du disque sont ceux où Lloyd Cole déploie ses talents de mélodiste classique, ce qui lui permet de renouer avec des ambiances proches de Bad Vibes (1993) et de s’affirmer à nouveau comme l’immense chanteur tout en nuances qu’il est.

VIOLENT FEMMES – Hotel Last Resort
(PIAS) – 26/07/2019
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Trente-six ans après son premier album, la sortie d’un dixième album du groupe de Milwaukee, plusieurs fois séparé puis rabiboché, fait naître une pointe d’inquiétude. Dès le premier titre, le déglingué Another Chorus et son refrain de chanson à boire, les doutes se dissipent. Le timbre de Gano dégage la même intensité, le groupe maltraite avec énergie ses guitares acoustiques, la musique garde ce côté brinquebalant et nerveux. Explorant tous les recoins de la musique américaine,  Violent Femmes livre un disque cohérent et vivifiant, rehaussé sur Hotel Last Resort, le titre qui donne son nom à l’album, de la présence de Tom Verlaine (Television). La cerise sur un gâteau qui se déguste sans faim. 

TY SEGALL – First  Taste
(Drag City / Modulor) – 02/08/2019
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Un an et demi après la sortie de Freedom’s Goblin et de son chapitre live Deforming Lobes Ty Segall revient avec cette nouvelle proposition studio, First Taste. L’Américain se lâche sur l’instrumentalisation. Tellement qu’il en a oublié les guitares, absentes, totalement, de cet album.  Il y a sur ces dix chansons des cors, des synthétiseurs, du koto, de la flûte à bec, du bouzouki, de la mandoline, des saxophones et des cuivres pour contrebalancer les guitares électriques vrombissantes. Un projet chargé, surprenant mais ultra-maîtrisé.

RIDE – This is Not a Safe Place
(Wichita Recordings) – 16/08/2019

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Adulés puis conspués par les médias pendant les années 1990, les groupes historiques du shoegaze ressortent un à un de leur tanière. Et s’il y a bien un groupe qui s’aventure plus loin sur la route du revival, c’est Ride, qui sort son sixième album, This Is Not a Safe Place, après l’intéressant Weather Diaries en 2017. Le quatuor ne dégage plus le même charme qu’à l’époque du légendaire Nowhere, mais l’essentiel est là. On y retrouve des guitares à la délicieuse saturation typiquement shoegaze, des lignes de basse entraînantes, une batterie tonique et toujours ce chant sucré et très pop, moins en retrait que chez leurs voisins. This Is Not a Safe Place s’avère être un disque lumineux.

THE MURDER CAPITAL – When I Have Fears
(Human Season Records) – 16/08/2019

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Dublin n’est pas la ville la plus criminelle au monde, et pourtant c’est de là que vient The Murder Capital. Le quintette a trouvé la recette qui l’installera peut-être à la même table que les monstres du post-punk britton que sont Fontaines D.C ou Shame : se démarquer en proposant un son qui, dans sa violence sous-jacente, contenue (How the Streets Adore Me Now) ou relâchée (More Is Less), avec son chant habité et ses structures mélodiques complexes et tiraillées, peut se comprendre comme un pendant irlandais de nos chers Psychotic Monks.

KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD – Infest The Rats Nest
(Flightless / ATO Records) – 16/08/19


Cauchemar des gens qui aiment dire “alors ce groupe là c’est tel style” et groupe à la discographie aussi longue qu’un bras, capable de sortir cinq albums en un an, en se réinventant totalement à chaque fois, les urluberlus australiens reviennent cette fois-ci avec Infest The Rats Nest.  Et font maintenant dans… le heavy metal. Mais toujours avec la même autodérision légendaire. Pour que vous puissiez comprendre le pouvoir métamorphique de cette formation totalement folle, dite-vous bien que leur précédent disque, Fishing For Fishies, sorti en avril, donnait dans le blues…

SPARKLING – I want To See Everything
(Kitsuné Musique) – 23/08/2019
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Premier album de Sparkling, les plus anglais des groupes de post-punk allemands, I Want To See Everything réunit le meilleur de la musique des deux pays. Avec des synthétiseurs rétros à souhait et un casting de taille à la production (Andy Ramsay de Stereolab et Jimmy Robertson, qui collaboré avec Foals ou Artic Monkeys), il fera pétiller vos oreilles.