Tout naît / Tout s'achève dans un disque
Gontard
Ici d'Ailleurs

Le beau capharnaüm de Gontard

Après nous avoir abreuvé de nombreuses mixtapes et de maxis, d’un Mausolée Tape remarqué à feu Jean-Luc le Ténia et d’un premier album en 2015 (Repeupler) Gontard! donne naissance ce mois-ci à Tout naît / Tout s’achève dans un disque, son deuxième album. Son bandcamp montre que ses deux premiers albums ne représentent qu'une portion congrue d'une déjà très riche et prolifique production.

Gontard, originaire de Valence, est une sorte de Daft Punk prolétaire qui se cache sous un masque de lapin à chaque apparition. Repeupler, son premier disque, posait déjà les jalons d’une chanson française singulière et exigeante qui sent bon la pop et le mélange des genres. La quarantaine rôde. Il a cette voix d’adulescent parfaitement reconnaissable et ce phrasé chanté-parlé qui fait des merveilles. Mendelson, Michel Cloup sont dans la même crémerie, et pas n’importe laquelle, le top du petit lait : Ici d’ailleurs.

Il fiasco, premier titre de l’album, verbatim d’un artiste en plein doute, introduit parfaitement le sujet : Personne ne me collectionne. Dans ce beau capharnaüm, chacun en prend pour son grade, toi, moi, nous et lui. Avec beaucoup d’autodérision mais aussi d’auto-caricature, Gontard, dépeint son incompréhension d’un monde où tout est en plastique, comme sur cette Lettre d’amour à ma dernière poupée.

En se transposant en bon petit rejeton de la classe moyenne qui s’immole doucement dans l’ordre des choses, Gontard, comme appelé inextricablement par des voix indicibles, veut en finir avec le banquier, le percepteur, le petit contremaître qui sommeille en nous…

Et lorsque les sentiments s’en mêlent, lorsque les couples s’efforcent derrière leurs sourires de façade ultra-bright à se supporter, Gontard balaie illico presto tous nos faux-semblants. Finis les petits matins gris de la tolérance. Gontard envoie tout valdinguer sur fond d’Arcade Fire, l’un des titres cataclysmiques de l’album. Les armes sont prêtes à être déposées dans un pays de zombie.

Gontard touche, dès les premières phrases, par le choix des mots, par sa façon artisanale de créer des situations, de dépeindre un monde pas très reluisant. Mais alors que faire ? Fuir ? Se plonger dans l’Ostalgie se remémorer, les années Marchais et se dire qu’on a loupé quelque chose… La vache, ça remue.

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