FleetFoxes par Sean Pecknold

« L’année des valeurs sûres » : Le Top 2017 de Benjamin Pietrapiana

Jusqu’à la fin de l’année, les rédacteurs de Magic vont délivrer tous les jours leur Top 2017, sous la forme d’une liste de 10 albums, assortie d’un texte de mise en relief. Troisième classement : Benjamin Pietrapiana.


1 . FLEET FOXES
 Crack Up (Nonesuch Records)
2. BJÖRK Utopia (One Little Indian Limited)
3. KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD
Flying Microtonal Banana (Heavenly Recordings)
4. WACLAW ZIMPEL ET JAKUB ZIOLEK Zimpel/Ziołek (Instant Classic)
5. JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS
The Animal Spirits (Border Community)
6. WAND Plum (Drag City)
7. MAC DEMARCO This Old Dog (Captured Tracks)
8. LCD SOUNDSYSTEM American Dream (DFA Records/ Columbia)
9. MOSES SUMNEY Aromanticism (Jagjaguwar)
10- SUSANNE SUNDFøR Music For People in Trouble (Bella Union)

+ SUFJAN STEVENS – Carrie & Lowell live

Si on y trouve un premier album et quelques audacieuses démonstrations, ce top 2017 reste avant tout celui des valeurs sûres. En premier lieu, Fleet Foxes, de retour avec Crack Up. Dans la cuisine du quintette, on retrouve les mêmes ingrédients – sublimes harmonies vocales, guitares ciselées, grosse réverbération – mais associés d’une manière plus expérimentale que jamais. Sur This Old Dog, Mac DeMarco confirme, si c’était encore nécessaire, qu’il est bien le songwriter lo-fi de la génération millennials.

Deux femmes, venues du Nord, enrichissent ce palmarès. Ces deux grands bols d’air froid et rassurant sont offerts par Susanne Sundfør et Björk. La première, norvégienne, véritable sensation en son pays, mais confidentielle par chez nous, livre le très beau Music for People in Trouble, au croisement de l’ambient pop et de la folk. La seconde, islandaise, ouvre dans Utopia les portes d’un paradis conçu avec le producteur vénézuélien Arca. Une utopie de flûtes, de machines et de femmes libres qu’on aimerait tant voir advenir.

2017 a aussi permis à de nombreux artistes de faire quelques démonstrations. Productivisme et créativité, par exemple, ne sont pas incompatibles. King Gizzard & The Lizard Wizard, le septuor de psyché rock australien, a promis cinq albums pour 2017. Quatre sont sortis quand ces lignes ont été publiées, dont l’excellent Flying Microtonal Banana. Le duo polonais formé par Wacław Zimpel et Jakub Ziolek prouve que jazz, folk, et logiques prog et incrémentales produisent un résultat étonnamment accessible. Dans des contrées voisines, James Holden et son groupe The Animal Spirits parviennent, avec leur album éponyme, à faire dialoguer sons acoustiques et sons de synthèse dans une transe libératoire. Une des productions les plus stimulantes de l’année.

Pour clore ce classement, Aromanticism, le premier album du très prometteur Moses Sumney : un songwriting intimiste, teinté de soul et de RnB. Onze morceaux d’orfèvrerie pop merveilleuse. Il siège aux côtés de l’immense LCD Soundsystem, qui revient avec American Dream, inimitable comme toujours, ou encore de Wand, qui a versé dans son rock garage une mélodieuse dose de psychédélisme.

BENJAMIN PIETRAPIANA a signé pour le quotidien Le Monde, en 2016, l’article annonçant la disparition de Magic, avant sa renaissance en 2017. Pour un jeune homme qui mourait d’envie d’exercer dans la presse musicale en général et dans la revue pop moderne en particulier, c’était une tristesse, désormais amortie. Il a débuté dans la presse musicale chez Brain, puis au service culture de L’Humanité, avant d’être recruté par Magic en novembre 2017, sur la foi d’une culture musicale pop moderne irréprochable et d’une envie passionnée de la raconter.