Holly Herndon – Platform

(4AD/Wagram)

Sous la crinière rougeoyante et le joli minois au regard perçant de l’électronicienne Holly Herndon se trouve une tête bien faite. En effet, originaire du Tennessee, elle vit aujourd’hui en Californie afin de finaliser un doctorat traitant des musiques générées par ordinateur à la célèbre université de Stanford.

Déjà détentrice d’un master dans ce domaine (sous la tutelle, entre autres, du guitariste britannique Fred Frith), l’envie d’approfondir un sujet au cœur de sa création s’est imposée en rentrant de Berlin, où pendant cinq ans elle a œuvré en qualité de DJ au sein de la scène techno minimale.

Donnant suite au remarquable et remarqué – du moins outre-Atlantique et outre-Manche, d’où la signature sur 4AD Movement (2012), inutile de préciser que son cheminement musical et intellectuel s’entend très distinctement sur Platform, dont l’appétit pour la déconstruction fleure bon le regretté tandem Funkstörung (Chorus).

En s’appuyant sur la profonde connaissance du travail de pionniers comme Paul Lansky, Pierre Henry, Aphex Twin et Autechre – qui ont tous eu le courage d’ignorer les contingences commerciales pour inventer une nouvelle forme de modernité –, Holly Herndon prolonge les expérimentations sur la voix de Laurie Anderson (Unequal, Locker Leak) ou celles plus récentes des Allemandes Anika et Emika (An Exit, Home) afin d’aboutir à sa propre conception de ce qui pourrait ou devrait être la pop du XXIIe siècle.

Alors, plutôt que d’écouter le dernier disque en date d’une Islandaise qui n’a fait que (fort bien) se répéter, conseillons donc aux oreilles audacieuses de se poser sur ce futuriste et avant-gardiste Platform, aussi alambiqué et sensuel que dérangeant.

Certes, il exige de son auditeur une période d’adaptation voire de lâcher-prise, mais après apprivoisement, tel un cocon de soie, il libère un fil de mélodies étrangement belles et parfois chamaniques (Morning Sun, New Ways To Love) que curieusement le cerveau reconstitue instinctivement. Un sacré tour de force.JTNDaWZyYW1lJTIwc3R5bGUlM0QlMjJib3JkZXIlM0ElMjAwJTNCJTIwd2lkdGglM0ElMjAxMDAlMjUlM0IlMjBoZWlnaHQlM0ElMjAxMjBweCUzQiUyMiUyMHNyYyUzRCUyMmh0dHBzJTNBJTJGJTJGYmFuZGNhbXAuY29tJTJGRW1iZWRkZWRQbGF5ZXIlMkZhbGJ1bSUzRDQyMjEwMjE0NzIlMkZzaXplJTNEbGFyZ2UlMkZiZ2NvbCUzRGZmZmZmZiUyRmxpbmtjb2wlM0QwNjg3ZjUlMkZ0cmFja2xpc3QlM0RmYWxzZSUyRmFydHdvcmslM0Rub25lJTJGdHJhY2slM0QxMjM5MTkxOTEyJTJGdHJhbnNwYXJlbnQlM0R0cnVlJTJGJTIyJTIwc2VhbWxlc3MlM0UlM0NhJTIwaHJlZiUzRCUyMmh0dHAlM0ElMkYlMkZob2xseWhlcm5kb24uYmFuZGNhbXAuY29tJTJGYWxidW0lMkZwbGF0Zm9ybSUyMiUzRVBsYXRmb3JtJTIwYnklMjBIb2xseSUyMEhlcm5kb24lM0MlMkZhJTNFJTNDJTJGaWZyYW1lJTNF

A découvrir aussi

/Sortie • 11 avril 2024

UTO, Clarissa Connelly, girl in red… : la playlist et le cahier critique du 12 avril 2024

/Sortie • 4 avril 2024

Bonnie Banane, Vampire Weekend, The Libertines… : la playlist et le cahier critique du 5 avril 2024

/Sortie • 28 mars 2024

Magic : le cahier critique du 29 mars 2024