Matthieu Chauveau est parti à la rencontre du roi de la pop à la française, dont l’album “Blitz”, coup de coeur Magic, sort aujourd’hui. Extrait, en trois questions, du long et passionnant entretien à retrouver dans le numéro #207 de votre revue pop moderne préférée.

Comment écrivez-vous vos textes ? Le français a la réputation d’être une langue difficile à faire sonner…

Quand je le peux, j’essaie d’écrire mes paroles dès que j’ai la musique. Comme mes mélodies sont très anglo-saxonnes, si je n’écris pas en français tout de suite, je suis foutu. Après, je n’arrive plus à retrouver un texte qui sonne aussi bien. Je suis toujours déçu du résultat. Il m’est arrivé plusieurs fois, au cours d’enregistrement d’albums, de caler sur une chanson parce qu’elle m’arrive naturellement en anglais, qui est vraiment la langue idéale pour écrire… Le français est une langue incroyablement belle et riche. Elle permet d’aller vraiment dans le détail de ce qu’on ressent, de s’exprimer d’une manière très précise, mais elle est très complexe rythmiquement. Ce ne sont pas les mêmes appuis, pas les mêmes explosives que l’anglais. Ça rend la tâche plus difficile.

La solution, c’est donc le premier jet ? Et peut-être une certaine légèreté dans l’écriture, à l’inverse de toute une tradition de la chanson française ?

En général, je me fie à la première impression. C’est souvent la musique qui induit le propos. Mais c’est une fausse légèreté. Il ne dira pas (1981) par exemple, c’était tout sauf léger ! C’est un catalogue de tout ce dont je ne veux pas parler. De tout ce qui m’a tellement bouleversé, que je ne vais pas en parler. J’ai compris ça très longtemps après… Souvent, on comprend beaucoup plus tard ce qu’on a écrit. C’est étrange. Et aussi il faut se méfier de ce qu’on écrit parce qu’il peut arriver que cela se concrétise dans la réalité ! (Rires.)

Pourquoi avoir choisi de chanter en français dès vos débuts, alors que vos références ont toujours été plus anglo-saxonnes et que cette langue est, comme vous le disiez, difficile à faire sonner ?

Cela a été un choix assez radical. Quand j’ai commencé à faire des chansons, vers 14 ans, je ne faisais que des copies de ce que j’aimais : Syd Barrett, le Velvet. Mais une chose m’a vite horripilé dans le rock : l’uniforme, le cloisonnement. Il fallait aimer certains disques et pas d’autres. Moi, je voulais écouter Blondie, Suicide et Television aussi bien que Brigitte Bardot et Françoise Hardy. Je n’avais aucune culpabilité dans mes goûts et dans mes plaisirs. Je ne voulais pas être dans un truc qui me paraissait trop conventionnel. Et parallèlement, Elli et Jacno, Taxi Girl et Marie et les Garçons commençaient à chanter en français. Je trouvais ça cool d’essayer, de tenter de retrouver ma propre culture française. Sinon, j’aurais juste reproduit ce que j’écoutais. J’étais aussi assez intéressé par les yéyés, qu’on redécouvrait à l’époque. Il y avait le charme de la simplicité, qui pouvait être un peu cynique en même temps. (Sourire.) Mon premier album est néo-yéyé d’une certaine manière. Même s’il est fait avec Jacno et Marquis de Sade. Ce sont des chansons qui dataient de mon adolescence, donc les textes sont un peu “teenage”.

Entretien fleuve à découvrir dans son intégralité dans le numéro #207.  

 

 

Crédits photo : Julien Bourgeois 

Un autre long format ?