Bill Callahan, Calexico & Iron & Wine, Springsteen, It’s Sunday… : ça sort aujourd’hui et Magic aime

Avec deux coups de cœur (Bill Callahan, Calexico & Iron and Wine) et des mythes (Springsteen, Buzzcocks), il était facile de vous sélectionner les disques importants parus ce vendredi 14 juin.

 

BILL CALLAHAN – Shepherd In A Sheepskin Vest
(Drag City)
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Après six ans d’absence, le temps de se marier et d’avoir un enfant, Bill Callahan revient avec un double album explorant sa nouvelle condition, questionnant le futur, fort d’une longue et riche carrière. Dans une inattendue béatitude (de la part de celui qui chantait “Dress sexy at my funeral“) il pose, avec l’intense précision qu’on lui connait, sa poésie voyageuse sur des arrangements lumineux, aériens, en 20 (!) chansons, comme autant de promenades de vieux sage, désormais doucement souriant.

CALEXICO AND IRON & WINE – Years to Burn
(City Slang)
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Il faut parfois savoir faire preuve de patience. Il aura fallu attendre quatorze longues années pour voir enfn paraître un successeur aux sept titres qui constituent In the Reins, première étape d’une collaboration entre Sam Beam (Iron & Wine à la scène) et le duo Calexico. Les retrouvailles sont à la hauteur de l’attente et Years to Burn prend son temps pour installer la scène et les décors. Un bel objet de hasard et d’aventure.

Buzzcocks – Singles Going Steady’ réédition en vinyle
(Domino Records)
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Le meilleur album de 1979 est peut-être la compilation américaine d’un groupe mancunien. Ou pourquoi on ne se lassera jamais du Singles Going Steady des Buzzcocks. À la mort de Shelley, l’un des anciens guitaristes de The Fall, Marc Riley, a jugé dans le Guardian que Singles Going Steady, «une perfection absolue chanson après chanson», était la seule compilation qui méritait le titre de meilleur album d’un groupe. Ce paradoxe n’est qu’apparent : qui dit grand groupe à singles dit forcément grande compilation.
• Sort également ce vendredi  : A Different Kind Of Tension (troisième album, 1979)

BRUCE SPRINGSTEEN – Western Star
(Columbia Records)
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Aussi introspectif que touchant, Western Star, 19e album du Boss, qui en aura vendu près de 130 millions au cours de sa fantastique carrière, est un road-trip musical qui le fait traverser les grands espaces et l’’amène jusqu’en Californie. Il n’a pas d’égal pour chanter, avec sa voix rocailleuse si reconnaissable, cette Amérique fantasmée.

IT’S SUNDAY – Tissue Issues
(Howlin’ Banana / Cry Baby)
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Ensemble, Lucas et Dawnie passent leur temps à écouter des cassettes de My Bloody Valentine et font de la musique sous le nom It’s Sunday.  Dans leur premier album Tissue Issues, Ils nous proposent du shoegaze légèrement slacker, sublimé par les envolées solaires que sont Permanent Vacations, Projection On A Sheet ou la bien-nommée Pray For The Sunshine. Comme si Neil Halstead et Rachel Goswell, lassé.es de se faire descendre toutes les semaines dans les pages du NME, s’étaient exilé sur les plages de la West Coast.

NICOLAS PAUGAM – Le Ventre et l’estomac
(Microcultures)
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Avec son quatrième album en cinq ans, l’ex-Da Capo Nicolas Paugam cultive la singularité de son sens mélodique teinté de musique brésilienne, de sa voix comme à peine sortie de l’enfance, et d’un songwriting qui donne envie de croire en une variété de qualité. Le Ventre et l’estomac enrichit le volume de jeu révélé sur Boustrophédon (2017), mais l’énergie communicative de l’auteur-compositeur-interprète est celle d’une poésie mélancolique au service des petits et grands drames de l’existence. Merci pour ces moments.


MATTIEL – Satis Factory

(Heavenly Recordings / [PIAS])
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Satis Factory est un excellent pendant féminin des monstres sacrés que sont les Growlers, avec ses sonorités garage-folk délicieusement vintage. Avec son deuxième album, la native d’Atlanta nous prend par le bras et nous entraîne dans une capsule temporelle qui nous ramène à l’époque bénie des sixties, quand les VW Combi, planches de surf plein le coffre, sillonnaient les spots de la côte californienne. Un disque solaire.

V/A – Self Discovery for Social Survival Soundtrack
(Mexican Summer / Modulor)
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Du son et des vagues. Dans Self Discovery for Social Survival, le label Mexican Summer et la marque Pilgrim Surf + Supply s’associent pour réinventer les codes de la glisse et du simple film de surf, avec une équipe de choc : le groupe de rock californien Allah-Las, les Suédois de Dunger, Connan Mockasin et Andrew Van Wyngarden de MGMT. Une bande originale expérimentale et poétique, à découvrir.

NOEL GALLAGHER’S HIGH FLYING BIRDS – Black Star Dancing EP
(Sour Mash Records / [PIAS])
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Il y a d’un côté les grincheux, pour qui le génie de Noel Gallagher n’en finit plus de s’étioler depuis le succès planétaire de (What’s the Story) Morning Glory?. De l’autre, il y a les curieux, pour qui la trajectoire de l’ex-Oasis permet d’apprécier un songwriting de plus en plus libre. Avec cet EP, le Mancunien de 52 ans continue de conjuguer sa six cordes incisive avec un environnement disco efficace, notamment sur un Black Star Dancing à la production impeccable. Noel Gallagher a prouvé qu’il n’avait rien perdu de son talent irréfutable. Mieux, il se réinvente désormais sans cesse.

JÉRÔME MINIÈRE – Une Clairière
(Kuroneko – Objet Disque)
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Plus de vingt ans après la sortie de son premier disque et malgré de nombreux albums sortis au Canada, pays où il a posé ses valises, Une Clairière, le dernier album de Jérôme Minière, est enfin distribué en France. Et c’est toujours un véritable plaisir d’entendre à nouveau cette voix toujours un peu juvénile évoluer sur des complaintes baignées d’une douce mélancolie. La douce poésie de Jérôme Minière est servie par des sonorités électroniques et par des arrangements de haut vol (Cascades) qui scrutent Le beau vide de nos vies modernes, abreuvées d’image et de narcissisme rampant. Rien de tel qu’Une clairière pour s’en échapper !

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

Park Jiha – Philos (Tak:Til / Glitterbeat / Differ-ant)
Sadgirl – Water  (Suicide Squeeze)
Tusks – Avalanche (One Little Indian)
The Catenary Wires – Till The Morning (Tapete Records)
Jacco Gardner – 12″ Ep (Full Time Hobby)
Bebe Tambour – Dust Of Now
Bailen –Thrilled To Be Here (Fantasy / Caroline)
V/A – Jambu E Os Míticos Sons Da Amazônia (Analog Africa / Modulor)
V/A Cookie Records – Tasty Tunes (Cookie Records)
Jordan Rakei – Origins (Ninja Tune)
Kate Tempest – The Book Of Traps & Lessons (Caroline)
Dona Onete – Rebujo  (Mais Um / Differ-ant)
V/A – Pottinger Ska & Rock Steady 1966-1967: Expanded Edition (Cherry Red)
Madona – Madame X (Interscope)
Gliz – Cydalima (Youzprod / Inouïe Distribution)
Jacques & Agoria – Visit EP (Pain Surprises / Sapiens Rec! )
Agape – Nuage ([PIAS])
Bébé Tambour – Dust of Now (autoproduit)
Daymark – Phare