Avec "Hark!" d'Andrew Bird, "Magic Oneohtrix Point Never" d'Oneohtrix Point Never ou l'EP "Fiction" de Suuns, Magic a sélectionné les disques qui pourraient bien sauver ce premier week-end de reconfinement.
ANDREW BIRD – Hark!
(LOMA VISTA)
Après un EP de Noël du même nom l’année dernière, Andrew Bird double la mise en lui accolant six nouveaux titres. Résultat : un album, fringant comme peut l’être l’auteur de My Finest Work Yet (2019) à l’approche des fêtes ; comprendre raisonnablement. Ici, allégresse et légèreté ne sont jamais loin d’une mélancolie qui tomberait à gros flocons comme chez Leonard Cohen.
EELS – Earth to Dora
(E WORKS / PIAS)
Les pop songs sensibles, Mark Oliver Everett sait faire. Au point qu’il pourrait presque les vendre en vrac, et petits et grands piocheraient dedans indistinctement tant elles se dévoilent sans faire de difficultés. Ce nouvel album – le treizième depuis 1996 – ne fait pas exception et devrait nicher un peu de réconfort entre les quatre murs qui s’apprêtent à devenir notre unique décor.
ONEOHTRIX POINT NEVER – Magic Oneohtrix Point Never
(WARP RECORDS)
La musique de Daniel Lopatin est affaire d’habillage. Un travail de la matière, des coupes et des couleurs, le tout supervisé par une oreille qui se promène comme un œil qui serait monté à l’envers, tourné vers ses rêveries à l’encre baveuse et leur fantasmagorie toute personnelle. Celles qui composent ce quatrième album pour Warp empruntent à la logique d’une grille radio pour un nouveau voyage kaléidoscopique.
PETER BRODERICK – Blackberry
(ERASED TAPES)
Ce disque-là ne vous est peut-être pas inconnu, puisque lâché dans la jungle numérique à la fin de l’été. Le voilà qui fait maintenant une entrée plus remarquée sur la place publique grâce à une sortie physique. L’occasion de signaler un changement de cap chez ce routier de l’indé croisé un peu partout d’Efterklang au catalogue posthume d’Arthur Russell. Sorti de ses grandes autoroutes au spleen contemplatif, l’Américain leur préfère cette fois des chemins de campagne folk et roublards.
SUUNS – Fiction EP
(JOYFUL NOISE / MODULOR)
Ce sont toujours ces mêmes étendues accidentées, où l’art rock trébuche sur des rugosités électro. Mais plongé dans le flou généralisé de l’année 2020, le quartette montréalais a dessiné le terrain de sa musique une première fois – via un enregistrement live – avant de tout redécouper et grillager différemment. Instable comme notre environnement.
OPINION – Molly
(FLIPPIN’ FREAKS)
Comme son idole Ty Segall, Hugo Carmouze a décidé de ne jamais rien garder sous le pied. À 19 ans, le jeune homme signé sous le pseudonyme Opinion chez Flippin’ Freaks enchaîne les disques dans un sprint qui jamais ne faiblit. Voilà le septième en cinq ans, et il est double. Vingt-deux titres de rock garage qui filent comme l’adolescence. À vitesse éclair.
JEAN-LOUIS MURAT – Baby Love D.C
(PIAS LE LABEL)
Baby Love D.C… Comprendre l’album Baby Love, paru en mars dernier, dans une nouvelle version “déconfinée”. Pour ce qui est de l’épithète choisi, le timing ne pouvait pas être plus mauvais mais qu’importe. Le premier épisode confiné a connu un Murat d’humeur blues-rock et électro. Le deuxième aura droit au retour de l’Auvergnat au piano. Au programme : quatre relectures de titres extraits du disque précité, et quatre inédits.
ELVIS COSTELLO – Hey Clockface
(CONCORD)
Le dernier Costello en date (Look Now, 2018) ménageait comme jamais l’art de la rupture par la douceur. Ici, la coupe est à la fois plus franche et plus fréquente. Un peu comme si, dans un bel écartèlement de ses talents, Elvis Costello avait conçu ce disque pour rendre visite à chacun de ses avatars. Du binoclard new wave désarticulé au collaborateur transi de Burt Bacharach.
PASCAL COMELADE – Le Cut-up populaire
(BECAUSE MUSIC)
Le Cut-up populaire est le premier album studio de l’inclassable et indispensable Pascal Comelade depuis sept ans. Le musicien catalan continue d’inventer des formes épatantes, denses et généreuses, comme de nombreux titres sur les vingt-huit du disque (L’horizon perdu du cornet à Gidouille, Ze Orthopedic doo-wop…).
O – B.O.F. Garçon chiffon
(VIETNAM / BECAUSE)
Ce n’est assurément pas la période idéale pour faire paraître un film au cinéma, mais nous ça nous fait plaisir de recevoir des nouvelles d’Olivier Marguerit (O pour les intimes), à qui la bande originale du film de Garçon Chiffon a été confiée par l’acteur et réalisateur Nicolas Maury. Même miniaturisé en des thèmes qui excèdent rarement 2 minutes, le son d’Olivier Marguerit conserve toute son exigence et son rayonnement.
MOURN – Self Worth
(CAPTURED TRACKS / MODULOR)
Le trio catalan Mourn, désormais exclusivement féminin (après le départ du batteur Antonio Postius), a un peu baissé le son par rapport à son premier album de 2018. Pas tant que ça avouons-le, mais avec un son très indie nineties, au moins le groupe propose-t-il à la jeunesse européenne un propos sur la post-adolescence pas totalement sombre, colérique et désespéré.
FRANK RABEYROLLES – Impossible Retour EP
(WOOL RECORDINGS)
Après Materia Prima, qui voyait l’hyperactif Frank Rabeyrolles flirter avec l’ambient et le minimalisme, le songwriter revient avec des textures et des propositions parmi les plus pop de son répertoire.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
DOPE BODY – Crack a Light (DRAG CITY)
POPULATION II – A La Ô Terre (CASTLE FACE RECORDS)
SUN RA ARKESTRA – Swirling (STRUT RECORDS)
PABLO ALFAYA – Hero (VIETNAM / BECAUSE MUSIC)
COMMON – A Beautiful Revolution pt.1 (LOMA VISTA)
KEITH JARRETT – Budapest Concert (ECM)
LOVE TAN – Love Tan EP (PERMANENT SLUMP RECORDS)
ANNE BRUN – After the Great storm (BALLOON RANGER RECORDING)
KACIMI – Gyrophare (ECHO ORANGE / CHANTE ET TAIS TOI)
ENSEMBLE VOCAL SEQUENZA 9.3. – Noir Lac (KLARTHE / [PIAS])
EMMA RUTH RUNDLE & THOU – May Our Chambers Be Full (SACRED BONES / MODULOR)
KING KHAN – The Infinite Ones (KHANNIBALISM)
TANEGA – We need sense (auto prod)
TOO MANY SUNS – Meaning of light (auto prod)
DALHIA – Hide my face EP (auto prod)
ALEX HODSCHAYAN – Winter is passing EP (auto prod)
WET SUNDET – A deep blue swimming pool (AZTEC RECORDS!)
THE DOORMAN – Pièces Quarantaines (auto prod)
THE STYLE COUNCIL – Long Hot Summers: The Story of The Style Council (UMC / POLYDOR)
