Matchess – Somnaphoria

(Trouble In Mind Records/import)

On sait fort peu de choses au sujet de Whitney Johnson, la demoiselle qui officie en solo sous le nom de Matchess. Elle habite Chicago, fait partie du groupe Verma, est apparemment férue de poésie française du XIXe symboliste (Baudelaire, Verlaine et Rimbaud lui ont inspiré le présent Somnaphoria). Pour le reste, on ne peut que supposer.

Et la matière ne manque pas pour nourrir l’imagination. Il entre bien des choses dans la composition des philtres de Matchess, et mille autres encore vous en parviennent. On est presque certain que l’Américaine est une disciple de Delia Derbyshire. Il ne serait pas étonnant non plus qu’elle ait beaucoup écouté nombre des muses d’outre-Atlantique de la décennie dernière, à commencer par Grouper, Inca Ore et Fursaxa.

Plus frappante encore est la ressemblance entre son premier disque en solo (Seraphastra, 2013) et le premier album de Peaking Lights (l’excellent Imaginary Falcons, 2009, juste avant le virage dub du duo). Avec ses nappes de drone doux, ses guitares en filigrane, ses cordes délicatement frottées et sa voix noyée sous des couches de réverbération, on a vite fait de se croire dans le calme précédant le départ pour le sabbat.

Il faut reconnaître que notre sorcière sait comment s’y prendre pour envoûter les esprits qui consentent à un moment d’égarement. After Its Own Image, Castles In The Air, Mortification Of The Flesh et la sublime The Law Of Pure Will (Or, The Lamentation Of The Greatest Wealth) alternent le merveilleux et le morbide avec grâce.

Somnaphoria, bercée de belles sonorités et construite selon les règles d’une architecture secrète plus proches de celles du rêve que de celles de la chanson, stimule l’imagination comme aucun couplet-refrain ne saurait le faire.

Après la déception des dernières sorties de Grouper, on ne pensait pas pouvoir retrouver de sitôt un tel enchantement. Alors que Somnaphoria est sorti dans l’indifférence générale, c’est avec une sincérité véritable relevée d’une pointe de snobisme qu’on a le plaisir d’affirmer qu’il s’agit d’ores et déjà d’un des plus beaux disques de 2015. Et d’un compagnon de lectures idéal.JTNDaWZyYW1lJTIwc2Nyb2xsaW5nJTNEJTIybm8lMjIlMjBmcmFtZWJvcmRlciUzRCUyMjAlMjIlMjBhbGxvd1RyYW5zcGFyZW5jeSUzRCUyMnRydWUlMjIlMjBzcmMlM0QlMjJodHRwJTNBJTJGJTJGd3d3LmRlZXplci5jb20lMkZwbHVnaW5zJTJGcGxheWVyJTNGZm9ybWF0JTNEY2xhc3NpYyUyNmF1dG9wbGF5JTNEdHJ1ZSUyNnBsYXlsaXN0JTNEdHJ1ZSUyNndpZHRoJTNENTcwJTI2aGVpZ2h0JTNEMzUwJTI2Y29sb3IlM0QwMDkzZWIlMjZsYXlvdXQlM0QlMjZzaXplJTNEbWVkaXVtJTI2dHlwZSUzRGFsYnVtJTI2aWQlM0QxMDUxNzI1NCUyNnRpdGxlJTNEJTI2YXBwX2lkJTNEMSUyMiUyMHdpZHRoJTNEJTIyNTcwJTIyJTIwaGVpZ2h0JTNEJTIyMzUwJTIyJTNFJTNDJTJGaWZyYW1lJTNF

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