Chai, énergie pop

Le chai, ça n’est pas qu’une variété de thé indienne agrémentée d’épices. C’est aussi un quatuor de Japonaises survoltées qui auront sans doute été les autrices du concert le plus énergique de cette première soirée du This Is Not A Love Song 2019.

21h30 ce jeudi de l’ascension. Une foule dense se presse devant les portes de la salle “Club” du Paloma qui, dans quelques minutes, accueillera sur ses planches les quatres jeunes nippones qui composent Chai. Formé en 2012 sous l’impulsion des soeurs jumelles Mana, au chant, et Yana, à la guitare, auxquelles se sont greffées Yuki à la basse et Yuna à la batterie, le groupe prend un malin plaisir, en studio (deux albums, Pink en 2017 et Punk en 2019, sur Heavenly Records) comme sur scène à se jouer des codes traditionnels “kawaïï” qui imprègnent trop à leur goût les autres girl-bands du Pays du Soleil levant.

Révélées dans l’Occident grâce aux excellents dealers de cassettes que sont Burger Records, les filles de Chai sont venues présenter pour la première fois en Europe leur électro-pop déjantée qu’elles préfèrent nommer NeoKawaïï, et le This Is Not A Love Song sonnait comme la scène la plus apte à leur fédérer un nouveau public. Mais, rapidement, on sent que le concert divise. Certains s’échappent discrètement, sans doute sonnés par cette débauche de bonne humeur, d’énergie et de couleurs, jusqu’aux costumes assortis que portaient les quatres demoiselles, orange fluo s’il vous plaît.

Les plus curieux sont séduits par les chorégraphies légèrement kistch, parodies de ce que proposent les grandes formations féminines de la J-Pop, mais aussi, évidemment, par leur musique. Celle ci peut s’apparenter au mariage peu ordinaire entre Gorillaz, des guitares assez punk et un générique d’anime pour jeunes adolescentes. Les morceaux s’enchaînent comme autant de sucreries pop, des titres comme N.E.O ou CHOOSE GO sont de bons prétextes pour se déhancher, tout ça dans une joie communicative provenant directement de la scène, la chanteuse exaltant et remerciant son public à chaque interlude.

À la sortie de ces 45 minutes qui paraissent en avoir duré la moitié, on entend quelques “meilleur concert du TINALS pour l’instant”, preuve que les filles de Chai ont réussi leur mission : faire danser les gens tout en faisant passer un message de tolérance bienvenu.

Jules Vandale, à Nîmes